Le réquisitoire du procureur dans l’affaire dite des tueries dans les manifestions est sans appel. Ce 13 mars, le procureur de la République près le tribunal de première instance de Dixinn a requis 25 ans de prison et une amande de 10 milliards de francs guinéens contre l’adjudant-chef Moriba Camara.
Accusé dans le meurtre du collégien Thierno Mamadou Diallo, tué en début du mois de juin 2022, en marge d’une manifestation contre l’augmentation du prix du carburant à la pompe, l’adjudant Moriba Camara risque gros.
Selon Mamadou Hady Diallo, substitut du procureur, le prévenu (Ajdt : Moriba Camara) a reconnu que ce jour-là, il avait une arme et il était le seul à tirer ce jour sur les lieux. Il a dit qu’il a tiré en l’air. Il ne peut pas dire ici qu’il a tiré sur la victime. Il demande de retenir l’adjudant-chef Moriba Camara dans les liens de l’infraction de meurtre et le condamné à 25 ans de réclusion criminelle.
Une réquisition qui sonne mal aux oreilles des avocats la défense. Maître Abdourahmane Dabo demande au juge d’exploiter les pièces qui lui ont été communiquées. Mais dans ces pièces, souligne l’avocat, aucune n’incrimine son client et aucun témoin n’aurait indexé l’adjudant Moriba Camara qui a tiré sur la victime.
L’avocat de la défense invite le juge d’appliquer l’article 544 du code de procédure pénale, cela, en l’absence des éléments de preuves.
Maître Kabinet Kourala Keïta (second avocat) pour sa part, met en cause le rapport de la police avant pour soutenir l’acquittement de son client. Pour l’avocat, le rapport n’est qu’un simple colmatage de la police pour accabler l’accusé. Abordant le même sens que son prédécesseur, il demande au juge de bien vouloir vérifier les documents fournis. Des documents qui pour lui n’ont pas été établis dans les règles de l’art. Il défend la thèse du délit de crime non constitué.
L’accusé l’adjudant-chef Moriba Camara devant la barre du tribunal criminel de première instance de Dixinn clame son innocence dans cette affaire et dit être un agent assermenté dont sa mission régalienne est de préserver la vie des citoyens guinéens. Il demande à cette occasion sa libération totale.
Quelle portée pour ce jugement ?
Cette affaire criminelle dont le délibéré pour décision est prévu le 27 mars prochain, sonne comme une condamnation pour l’exemple.
Réquisitoire et plaidoirie s’affrontent dans un procès qui sans doute veut servir d’exemple tant les forces de défense et de sécurité sont souvent accusés de violences contre les civils.
Une condamnation exemplaire ? Suffisante ? La réflexion doit aller plus loin.
Pendant plusieurs décennies, des Guinéens sont tombés sous les balles des forces de défenses et de sécurité pendant les manifestations. Le colonel Mamady Doumbouya à sa prise de pouvoir a promis de mettre fin à l’impunité dans tous les domaines ; les relations civilo-militaires restent un maillon fort dans cette lutte.
Le collégien Thierno Mamadou Diallo est la première victime tombée sous le règne du Le comité national pour le redressement et le développement (CNRD). Cette est ne peut donc pas être une affaire criminelle comme les autres.
Ibrahima Foulamory Bah