La violence faites aux femmes prend différentes formes et intensités selon les sociétés et les cultures . Si la violence faites aux femmes peut revêtir différentes formes et intensités, on la retrouve omniprésente dans tous les pays, toutes les classes sociales, toutes les cultures, toutes les religions, et toutes les situations géopolitiques: la violence basée sur le genre est un phénomène universel. En effet, chaque minute qui passe emporte son lot de femmes et des filles sont violentées et tuées essentiellement par des hommes qui sont connus d’elles et cela dure depuis des millénaires. Dans la plupart des cas, la violence se déroule dans la sphère privée, les bourreaux étant soit des géniteurs et parents de la victime (viol incestueux, infanticides, etc…) soit son conjoint (viol conjugale, etc…). Bien que la violence à l’encontre des femmes soit le plus souvent une expression de la domination d’un individu, elle peut également être le fait de groupes organisés, voire d’institutions étatiques. Dans les conflits, comme l’illustre le cas du Congo, les femmes sont particulièrement victimes d’atrocités dont le viol. Dans les prisons ou d’autres lieux de détentions provisoire (garde à vue), la violence faite aux femmes prend différentes formes: violence sexuelle, surveillance inappropriée, fouilles à nu exécuté par des hommes et demandes d’actes sexuels en contrepartie de privilèges ou de satisfaction des besoins de base.

La violence contre les femmes est malheureusement, trop souvent tolérée, excusée, voire même encouragée. Ceci s’explique par des faits d’ordre structurel (discrimination fondées sur le genre, pauvreté et dépendances vis-à-vis des hommes) et d’ordre culturel (stéréotypes sur les femmes et leurs sexualité, du genre « lorsque  la femme dit non, c’est qu’elle dit oui»,  silence motivé par la honte de la victime, etc.).

Statistiques : Quelques données mondiales sur les violences faites aux femmes :

Selon les Nations Unies, 70% des femmes sont victimes de violence au cours de leur vie. D’après la Banque mondiale, les femmes âgées de 15 à 44 ans ont plus de chance de subir un viol et une violence conjugale que d’attraper le cancer ou d’être victime d’un accident de la route, de paludisme et la guerre. Ainsi, une femme sur 5 sera victime de viol ou de tentative de viol au cours de sa vie. Mais quand est-il du cas de la Guinée?

Statistiques : Quelques données nationales sur les violences faites aux femmes en Guinée

Selon le rapport nationale guinéen sur l’Élimination et la prévention des violences à l’égard des femmes/fille de 2013, 92% des femmes dont l’âge se situe entre 15 et 64 ans sont victimes de violences avec des variations régionales : 88% en Guinée Forestière, 64% en Basse Guinée , 57% à Conakry , 54% en Moyenne Guinée , et 51% en Haute Guinée. La violence envers les femmes est aussi répandue en milieu urbain qu’en milieu rurale. Sa prévalence est plus forte chez les femmes Tomas (99%) et Kissis (98%) et plus faible chez les femmes Peulh (89%) et les femmes Malinkés (90%). Selon cette étude, plus de la moitié des cas de violence (54%) est perpétré par le conjoint ou l’ex-conjoint et 13% par des camarades ou amis de la victime. Ces violences ont majoritairement lieu au domicile de la victime (84%). Quels sont alors les types de violences dont les guinéennes sont victimes ? Selon cette même étude, celles-ci sont victimes de 8 formes de violences qui peuvent être catégorisées en 3 groupes : violences émotionnelles (84%), violences physiques (75%) et violences sexuelles (49,7%).

Qu’est-ce qui explique la violence envers les femmes :

La violence à l’encontre des femmes s’explique par la haine de l’altérité et la croyance que la domination est un mode de survie viable. Le patriarcat a créé un ordre de domination (social, économique, politique) du masculin sur le féminin. Conséquemment et malgré les progrès du féminisme, les hommes, les garçons bénéficient dans toutes les sociétés, dans toutes les classes sociales, certaines plus que d’autres, d’ avantages importants et des privilèges ancrés dans ce système de domination. En effet, les travaux domestiques et l’éducation des enfants par exemple sont effectués partout en quasi-totalité par des femmes et des filles. À travers le monde, les garçons, les hommes sont considérés comme ayant plus de «valeur» que les femmes et filles. Dans le but d’imposer et de pérenniser ce système de domination et d’exploitation, la violence ou la menace de celle-ci est utilisée pour contrôler et punir celles qui osent violer les règles établies par le patriarcat (soumission, obéissance, etc…). Nos sociétés se sont développées et continuent d’ailleurs à le faire en prenant pour référence de base cette hiérarchisation des individus selon leur appartenance à un sexe. De ce point de vue, l’altérité est considérée comme une menace plutôt qu’une richesse. Donc, l’envie non seulement de dominer pour survivre mais aussi de maintenir les privilèges inhérents au statut de l’oppresseur conduisent certains hommes à la violence pour affirmer leur masculinité et pour maintenir la domination. Une véritable solidarité entre les hommes se développe alors pour préserver le statut quo. Ces réalités doivent être questionnées afin que nous arrivions à éliminer la violence à l’égard des femmes.

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La domination patriarcale se modèle ainsi selon le système économique dominant, au mode de production existant. Le mode de production cohabite donc avec la domination patriarcale qui lui précédé et l’utilise pour son plus grand profit. Les régimes dits «socialistes» ont également coexisté avec le patriarcat et l’expérience historique des femmes face à ce type de sociétés les a convaincues qu’un changement vers un régime «progressiste» ne mène pas automatiquement à un accès à l’égalité et à l’éradication des violences à leur encontre. En effet, les progrès depuis une soixantaine d’années dans certains pays occidentaux on conduit à la promotion sociale des femmes. Mais, le pourcentage de femmes est beaucoup trop élevé dans le travail précaire, flexible, à temps partiel, ou au chômage. Dans les pays du Sud, elles restent confinées en majorité dans les travaux informels, les zones franches ou travail non rémunéré. Au sud comme au nord, ce sont les femmes qui effectuent la quasi-totalité  des tâches domestiques et cela gratuitement (Barbaret, 2014). Ces environnements de vulnérabilité supplémentaires sont à la fois des zones propices à l’accroissement des violences ou à la grande difficulté d’en sortir. En plus, les discriminations racistes fragilisent beaucoup les femmes. Ces modes d’oppressions distinctes se conjuguent, se recoupent, et se renforcent mutuellement.  Plusieurs facteurs aggravants tels que le jeune âge ou l’âge très avancé, la prostitution, l’handicap peuvent être soulevés (Wemmers, 2017).

Impacts des violences

L’expérience de la violence a des conséquences importantes sur les femmes. D’abord , sur le plan psychologique, la violence déstabilise toujours la personnalité entière de la victime. On assiste à une remise en cause totale de son moi pour n’importes quelles circonstances et formes de violences vécues, les femmes ressentent honte et culpabilité. Elles ressentent honte par rapport à ce qu’elles ont subi comme effraction de l’intime, comme négation de leur libre arbitre et de leur intégrité physique et psychologique. Elles se sentent coupables de n’avoir pas montré assez de résistance, même lorsque leur réaction peuvent être qualifiées objectivement d’héroïque. S’ensuivent dépression, perte d’estime de soi, tentatives de suicides, cauchemars, et crises d’angoisse. Ensuite sur le plan physique, l’une des répercutions des violences se constate sur la santé des femmes. Les conséquences physiques sont entre autres des hémorragies répétées, des  membres cassés et/coupés, etc. Elles peuvent aussi se solder par la mort : meurtre des nouvelles-nées en Chine, crimes d’honneur au Maroc et même au Canada, meurtre des femmes à Ciudad-Juarez au Mexique (Barbaret, 2014). Les violences conjugales peuvent aller jusqu’à la mort : un coup un peu plus appuyé que les autres de la part du mari à un endroit particulièrement vulnérable. Les conséquences sociales peuvent également être identifiées (bouleversement des rapports avec l’entourage) : retrait des relations amicales et amoureuse, éloignement de la famille. Enfin, les conséquences économiques dont perte d’emploi, de revenu, abandon d’ études, déménagement, frais d’exil, etc.

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Le but de la menace et/ la violence à l’égard des femmes est de susciter la peur, la vulnérabilité constante, la limitation des mouvements et l’autonomie. Par ce fait, on les prive complètement de l’accès à une citoyenneté pleine et entière. Le rôle de la violence est alors le contrôle social des femmes.

Quelques solutions pour l’élimination de la violence envers les femmes et filles

Il est possible de réduire, voire éradiquer la violence envers les femmes et filles si la volonté politique et citoyenne existent. Plusieurs solutions peuvent être envisagées telles que: 1) la création et l’application d’une législation nationale pour traiter et punir toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et filles; 2) l’adoption et le développement de plans d’actions nationaux et multisectoriels ; 3) l’octroi de subventions aux organismes de lutte. Regardons ensemble de près ces 3 avenues.

1) la création et la l’application d’une législation nationale pour traiter et punir toutes les formes de violence à l’encontre des femmes et filles :

Il est important de soutenir, dans tous les pays, l’adoption de lois contre la violence domestique et sexuelle, de lois punissant les divers formes de viols et criminalisant la violence basé sur le genre, de lois protégeant et promouvant les droits de la femme. L’adoption et l’application effective d’une législation permettant l’élimination/la réduction de la violence contre les femmes et filles, sanctionnant les responsables des crimes, et garantissant partout les droits des survivantes est nécessaire. De même, il est nécessaire de développer des ateliers de renforcement des capacités sur les violences que subissent les femmes à l’intention des juges, des policiers, des législateurs et des parlementaires.

2) L’adoption et le développement de plan d’actions nationaux et multisectoriels :

A ce niveau, il s’agit de concevoir un plan stratégique basé sur des études probantes. On pourrait s’appuyer sur des études ayant permis d’identifier les facteurs de protection et de risque aussi dans la famille, à l’école que dans les traditions et coutumes propres aux divers groupes sociaux pour élaborer ce plan.  De même, les organismes internationaux comme nationaux devraient faire des campagnes de vulgarisation/sensibilisation de lutte contre ces violences. On pourrait ainsi créér un manuel de sensibilisation contre la discrimination et les préjugés culturels destiné à la population locale et plus spécifiquement  aux groupes sociaux les plus touchés.

3) L’octroi de subvention pour éradiquer ce fléau :

Des fonds ou subventions devraient être attribués aux organismes nationaux et régionaux pour soutenir les initiatives locales dont l’objectif est d’éliminer la violence contre les femmes et les filles. Leurs actions/projets dans la lutte contre cette violence devront  par la suite être évalués afin d’en tirer des leçons pour des actions futures, retenir les actions qui marchent et les disséminer dans tout le pays.

Rouguiatou Baldé doctorante en Criminologie à l’Université de Montréal pour lecourrierdeconakry.com

 

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