20 novembre 2022, début de la Coupe du monde de football, World Cup Fifa Qatar’22. Tous les regards sont tournés vers Doha, au Qatar, dans la joie et l’allégresse pour célébrer le football, cette communion qui lie, par delà les frontières et autres barrières, tous les humains de la terre. Me reviennent les souvenirs du terrain rouge de Mamou, dans les contreforts du Fouta Djallon. Des souvenirs de « footballeux » au poste éternel de gardien. Disons, plutôt un tamis aux trous géants qui laissait entrer toutes les balles, tirés par les colosses d’amis et de grands frères. Ils n’avaient pas le choix de nous aligner en dépit de notre piètre jeu : on nous sélectionne ou bien on garde notre balle remmenée des vacances. Oui, nous avions vite compris que le football ne sera pas notre gagne. Bienvenue au droit. Rires. Mais, cet amour pour le cuir rond ne s’est pas départi d’un iota de votre serviteur. Dans cette tribune, nous allons évoquer tour à tour le football et les enjeux qui l’entourent comme ceux d’ordre diplomatique, économique et juridique avant de faire incursion sur sa pratique en Guinée.
Football et diplomatie du football
Grace à son accès démocratique – un morceau rond et un terrain vague suffisent largement pour sa pratique – le football demeure aujourd’hui l’un des sports les plus pratiqués au monde. Nul n’ignore le rôle qu’il joue dans l’établissement et le renforcement des liens au sein de la communauté internationale. Bien souvent, les statuts des entités qui le pratiquent sont indifférents de leur reconnaissance par les Etats ou les Nations unies. D’ailleurs, c’est avec raison que l’on évoque aujourd’hui la diplomatie sportive du Qatar qui a réussi le pari, à travers cette compétition, d’être au centre du monde, en dépit de la modicité de son territoire.
Football et enjeux économiques
Bien que maintenant son caractère amateur, le football est aujourd’hui au centre des enjeux économiques. L’avènement de la télévision et des médias sociaux et le rôle joué par la publicité dans l’industrie de la consommation font du football le véhicule idéal pour vendre biens et services. Les bénéfices tirés du merchandising, de la publicité, des droits et autres sont faramineux. Le montant des franchises de clubs, le prix de transfert de footballeurs et la cotation des clubs en bourse sont stratosphériques et se chiffrent de l’ordre de milliards de dollars. La FIFA est en passe d’être aujourd’hui l’une des organisations les plus riches des organisations de même nature.
Football et droit du sport
De prime abord, le football est avant tout un jeu, mais un sport encadré par des règles dont l’intégrité est confiée depuis le départ à l’International Football Board Association, organisme composé de représentants de la FIFA et des quatre associations britanniques de football qui, en toute indépendance, édicte, modifie, fait évoluer et surveille l’application de ces dites règles. Par ailleurs, l’instance qui gère le football mondial, la FIFA, a édicté des règles qui régissent la gouvernance de ses fédérations membres qui échappent à l’emprise des Etats. Tout accroc à ce principe de libre administration est sévèrement sanctionné. Tout est droit dans le football. Il en est ainsi pour les transferts de joueurs, l’arbitrage et autres. Le Tribunal arbitral du sport chapeaute cet arsenal juridique et ses décisions s’imposent à tous les acteurs.
Football et Guinée : une nation du football
A l’instar de tous les autres pays de la communauté internationale, la Guinée demeure une grande nation de football par l’amour porté par ses citoyens au cuir rond. Dans un passé récent, le Club légendaire du HAFIA a fait la fierté de l’ensemble du peuple de Guinée. Cependant, aujourd’hui, il est temps et grand temps de dépasser ce stade de souvenir et de redevenir la grande nation de football qu’elle fût. Pour réussir ce pari, des préalables s’imposent. Parmi ces préalables figurent la mise en place rapide d’une Fédération Guinéenne de Football, installée de manière démocratique et fondée sur les règles substantielles et procédurales en accord avec celles de la FIFA, l’ancrage du sport dans les écoles, la promotion du sponsoring et du mécénat, l’investissement dans les infrastructures lourdes par l’Etat et les privés et l’organisation à dates échues de compétitions nationales.
Bon football à toutes et à tous et que la meilleure équipe gagne. Avec nos vœux patriotiques de voir, un de ces jours, le rouge-jaune-vert national flotter lors une de ces messes mondiales de football.
-Juris Guineensis No 39.
Me Thierno Souleymane BARRY, Ph.D
Docteur en droit, Université Laval/Université de Sherbrooke (Canada)
Professeur de droit, Consultant et Avocat à la Cour