L’annonce de la création d’une cour spéciale à compétence élargie, chargée de traquer, juger et condamner les délinquants économiques, bref, chargée d’apurer notre administration infestée par des bandits à col blanc, cette annonce a été très bien accueillie. L’idée jugée géniale. Car, pour une fois, une très grande majorité de Guinéens en était optimiste, après l’échec des initiatives clinquantes à effet de paille prises précédemment dans le but, à n’en pas douter, de polir l’image d’une gouvernance qui demeurait écornée.

Un régime d’exception, notamment celui-là dirigé par un homme rassurant dans le discours et dans des actes posés achevait de convaincre l’opinion d’une rupture définitive avec un passé d’Etat corrompue.

Mais l’espoir n’a été qu’éphémère. Le doute s’installe à nouveau. L’initiative dévoyée. La réputation de l’instrument judiciaire mis en place pour mener à bien ce travail s’érode et s’étiole.

La faute, non pas et exclusivement à une éventuelle interférence toujours dénoncée, mais c’est aussi et surtout lier aux agissements de ceux qui animent la chaîne judiciaire.

La CRIEF souffre de ce mal qui est devenu une gangrène. Le procureur spécial poursuit sans pouvoir réunir toutes les preuves pour appuyer son action. Conséquence, il abuse de son droit à l’appel et de pourvoi pour maintenir des prévenus en prison. Même quand ce n’est pas nécessaire, l’obsession étant constante, Aly Touré fait parler de lui.

Dans ce contexte, il est difficile de le dédouaner des préjudices causés, au nom d’une attitude dont la légalité peut être discutable. Le Monsieur appel et pourvoi semble n’en avoir cure et également, apprend-t-on, prend du plaisir à refuser d’accorder une liberté sous contrôle judiciaire à des personnalités trop suppliciées, parce que privées de tout : comptes gelés, biens saisis, passeports confisqués. Ce qui reste à ses proies, c’est l’air. « Et si cela était possible, Aly Touré aurait pu leur couper ça aussi, je n’en doute pas, quand je l’entends parler, parfois avec beaucoup de dédain » marmonne-t-on dans les couloirs de la cour pendant les audiences publiques.

Au sommet, on continue d’alimenter la chronique avec des sorties qu’on ne peut imaginer de la part d’un Garde des sceaux.

« La fonction est banalisée. C’est dommage. Le président doit prendre ses responsabilités surtout quand le Monsieur a déjà publiquement avoué qu’il n’a d’ordre à prendre chez personne d’autre, même pas chez son chef du gouvernement. C’est le comble de la désobéissance symptomatique du manque de cohésion gouvernementale », s’indigne-t-on.

Peut-on donc espérer que le salut vienne de là-bas ? Pas sûr !

A la cour suprême, le rythme de la délibération est de nature à complètement faire désespérer.

A cette allure, il faut absolument que celui qui a pris l’engagement de ne pas reprendre les erreurs du passé, prenne ses responsabilités, après que ses initiatives ont été charcutées, puis complètement dévoyées. Il s’agit du colonel-Président qui concentre encore autant d’espoir, et qui ne laisse transparaitre, pour l’heure aucun doute, sur sa bonne foi à faire évoluer les choses.

Mognouma