Sous label de Guinée Audacieuse, Mme Keita Domani Doré, ancienne ministre de la République s’est portée candidate aux dernières élections communales. Le 06 mars dernier, celle qui a réussi à se faire une place dans le paysage politique guinéen s’est prêtée à nos questions. Son  identité professionnelle, sa position vis-à-vis du RPG arc-en-ciel, le budget de sa campagne, la présidente de Guinée Audacieuse répond sans tabou. lisez plutôt !

Lecourrierdeconakry.com : Bonjour Madame Domani Doré, vous étiez candidate indépendante aux élections locales à Matoto, dites-nous comment appréciez-vous ses résultats ?

Domani Doré : D’abord il faut saluer le fait qu’on ait réussi à dépasser le cap qui permet de préserver les acquis démocratiques qui voulaient qu’un État comme le nôtre puisse avoir des responsables locaux élus. Et cela est une avancée à saluer, bien qu’au niveau de l’exercice même du processus électoral  il y ait eu des défaillances et des fraudes qu’on n’a même plus besoin de prouver. Le plus important est que nous, notre engagement était d’abord d’encourager l’engagement politique des femmes et des jeunes. Et c’est une chose que nous avons appréciée plus ou moins même si ça n’a pas été à la mesure de nos attentes. Mais une réalité existe c’est que désormais les gens savent qu’il faut profiter de la démocratie comme une opportunité et de ne pas s’enfermer dans les cases où l’on pense qu’il faut être de l’opposition ou de la mouvance. Ces candidatures indépendantes étaient possibles. Toutes ces personnes qui avaient quelque chose à proposer qui ne se sentaient pas en harmonie d’avec les partis politiques en ont profité. Et ça, c’était l’un des objectifs à atteindre et ça a payé.

Est-ce une déception pour vous ?

Non ! Au contraire ce n’est que le début ! Le renouvellement de la classe politique pour moi ce n’est même pas quelque chose qu’il faut provoquer, c’est un cycle naturel. Ce personnel grandi, il se diversifie. Nous, tout ce que nous faisons, c’est encadrer pour que vraiment dans cette diversité qu’il existe des jeunes et des femmes. Je pense que c’est en bonne voie.

Comment voyez-vous votre futur ?

D’abord je suis très honoré que les populations de Matoto qui permettent à la Guinée audacieuse que je représente désormais d’être dans le conseil communal. Je pense qu’il faut bâtir des femmes politiques parce que lorsqu’on parle de la politique, on parle d’homme politique. Et donc, je me réclame femme politique, je travaille à le maintenir, je travaille à inspirer d’autres afin que nous ayons beaucoup plus de femmes politiques dans l’arène. Comme j’aime à le dire, il faut humaniser la politique il faut l’amener à dépasser les problèmes ou les positionnements interpersonnels. Il faut d’abord penser à ce que nous apportons comme valeur ajoutée à ce que la société progresse dans le bon sens, et naturellement il faut qu’il y soit des jambes à cheval sur l’amélioration des conditions de vie des couches les plus sensibles, tel que les femmes et les enfants. Et ce sont des questions qui intéressent  beaucoup plus les femmes, et en tant que femme naturellement.

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Aujourd’hui quelle est l’identité de Madame Domani Doré ? Est-elle ancienne ministre ou présidente de Guinée audacieuse ?

Je suis entrepreneure, femme d’affaires, je suis en politique. C’est difficile d’allier les deux parce que malheureusement dans ce pays lorsque tu es en politique la plupart des gens se disent, surtout au niveau de l’État, que si tu n’es pas allié comme candidate pour le RPG- Arc-en-ciel, tu n’as pas le droit d’avoir accès à certains contrats. On t’empêche de te mouvoir et tout. Mais cela ne nous empêche pas parce qu’il y a des domaines au moins où on n’a pas trop besoin de l’État. Je reste ancienne ministre à vie, on ne peut pas effacer ça. Cela a été un honneur, un privilège, c’est une chose que je capitalise dans mon parcours. Non, je continue à être un ancien ministre, et naturellement je continue à bénéficier de la confiance de ceux-là qui font la Guinée audacieuse, qui ont permis que je sois la présidente.

 

Que répondez-vous à ceux qui pensent que vous êtes un appendice du RPG ?

Je ne l’ai jamais refoulé, je suis du RPG arc-en-ciel.  Mais je ne partage pas le fonctionnement du RPG arc-en-ciel actuel. Aujourd’hui, au niveau du RPG arc-en-ciel, il y a quelques individus qui ne donnent pas envie d’être de ce parti-là. Et moi j’ai l’obligation de promouvoir ce que j’ai envoyé comme vision au niveau du RPG arc-en-ciel, qui est inclusive, qui n’amène pas les gens à penser que celui qui ne pense pas comme moi est mon ennemi. Et pour moi aujourd’hui, la Guinée Audacieuse a été la possibilité d’encourager les jeunes et les femmes à voir  cette façon d’être utile à son parti politique, à donner envie d’intégrer le parti ou d’adhérer à ce parti et tout.

Donc pour moi aujourd’hui, ma place au niveau du RPG arc-en-ciel n’est pas celle d’être au niveau d’être un responsable de haut niveau. Non, pour moi je suis membre du comité central, c’est-à-dire les partis politiques ont accepté de faire la fusion qui pour moi a amené l’existence du RPG arc-en-ciel. Je n’ai pas à me soumettre à une soi-disant solidarité improductive pour les populations et pour le RPG lui-même.  La plupart de ceux-là qui s’agitent ne trouvent pas les mots pour encourager les populations à plutôt voir les projets de société du RPG arc-en-ciel, mais ils voient plus ce que le RPG n’est pas en train d’apporter en bien aux Guinéens. Si cela veut dire que je suis contre le président la République, moi ça me fait rire. Le président de la République et moi, nous avons des relations vraiment cordiales, nous avons des relations de mentor à protéger. Donc  au contraire, j’apprends à amener les gens à comprendre qu’on n’est pas obligé de s’éterniser dans un parti par engagement loyal. Il faudrait que quand on est dans un parti politique, qu’on encourage le débat, qu’on encourage à ce que les opinions puissent être une valeur ajoutée à l’existence de ce parti.

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Alors quelle est la vie professionnelle de Domani Doré en dehors  la politique ?

Je suis dans l’entreprenariat, dans le privé, mes entreprises ont du mal à fonctionner en Guinée, parce que simplement beaucoup ne comprenne pas qu’être en politique ne veut pas dire qu’on n’est pas un citoyen. Donc c’est assez difficile pour moi, sur le plan entreprenariat, mais je ne baisse pas les bras.

Êtes-vous satisfaites de la célébration du 8 mars en Guinée ?

Je continue à espérer en tant que femme que les décideurs au haut niveau puissent repenser les festivités du 8 mars. Et je pense qu’il y a beaucoup à gagner à ce qu’on étale des activités sur le mois qui prenne en compte justement des questions cruciales comme la scolarisation de la jeune fille, naturellement la lutte contre les violences. Et nous particulièrement les femmes en politique, nous travaillons à ce que désormais les violences physiques et verbales sur les femmes en politique soient punis. Nous sommes en train de travailler ardemment avec le NDI, qui nous accompagne à travers un programme ou nous allons vraiment intégrer le comité de veille au niveau du ministère de la réconciliation nationale afin que les violences faites aux femmes soient bannies. Et donc ce sont des questions qui interpellent au niveau des festivités du 8 mars. C’est dommage qu’on en profite toujours pour rassembler les femmes autour des questions d’uniforme. Et cela fait qu’on perd de vue parfois les questions cruciales. Les femmes ont leur place en politique pour justement faire évoluer notre société. Nous encourageons ça, pas par les mots mais par les actes. C’est pourquoi bientôt, nous vous inviterons au lancement du premier incubateur politique qui sera là pour outiller les femmes et les jeunes à intégrer la politique en toute connaissance de cause.

Dites-nous quel a été le montant total de votre budget de campagne ?

J’avoue que nous avoisinons les 200 millions.

Un dernier mot ?

Nous remercions nos électeurs, nos mandants qui ont permis que nous soyons au nombre de ceux-là agir dans la prise de décision pour que les différentes localités puissent évoluer. Donc la Guinée audacieuse en tout cas, prend au sérieux cette responsabilité et nous continuerons à donner des raisons vraiment de miser sur nous, et très bientôt nous sortirons pour notre campagne de remerciement à toutes les personnes qui ont permis que la démocratie continue à exister en Guinée.

Propos recueillis par Nantènin Traoré    

 

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