Depuis quelques jours, le cas Ismaila Nanfo Diaby, à Kankan, cristallise les débats suite à l’attaque de son cortège à Norassoba, une sous-préfecture de Siguiri.

En effet, c’est une ancienne affaire tranchée par le Secrétariat Général aux Affaires Religieuses, par la justice et par Monsieur Nanfo Diaby lui-même.

Pour rappel, Monsieur Ismaila Nanfo Diaby a commencé à prier en Maninka en 2019. Les autorités religieuses locales avaient pris, à l’époque, des mesures lui interdisant toutes activités religieuses islamiques publiques à Kankan en profanant les symboles de l’islam. Le Secrétariat Général des Affaires religieuses avait également pris les mêmes sanctions contre le prédicateur.

Violant ces interdits, Nanfo a été arrêté et placé sous mandat de dépôt. Il est Condamné en suite à 12 mois de prison dont six (6) fermes et 6 autres avec sursis assortis du paiement d’une amende de 500 000 fg par le tribunal de première instance de Kankan.

La Cour suprême a rendu, le 8 juillet 2021, son arrêt dans le dossier opposant l’imam Ismaël Nanfo Diaby aux autorités religieuses de Guinée. Elle a rejeté la requête de sursis à exécution introduite contre la décision du Secrétariat Général des Affaires religieuses.

Après sa libération par les nouvelles autorités, Monsieur Nanfo Diaby s’est rendu en janvier2023, dans la sous-préfecture de Norassoba, une localité de la préfecture de Siguiri, dans le cadre de la promotion de l’écriture N’KO.

D’après des informations, tout est parti de la conduite en langue N’Ko de la prière du crépuscule dans une mosquée de la localité par le Prédicateur Diaby. Selon les témoignages de Monsieur le Maire de la Ville de Siguiri.

Pour contourner, la justice guinéenne et au nom de la laïcité, Monsieur Diaby a clamé haut et fort devant les tribunaux que sa religion s’appelle Djerèkolobaya. Ce qui est normale, car la laïcité repose sur trois principes : la liberté de conscience et celle de manifester ses convictions dans les limites du respect de l’ordre public, la séparation des institutions publiques et des organisations religieuses, et l’égalité de tous devant la loi quelles que soient leurs croyances ou leurs convictions.

La laïcité n’est pas une opinion parmi d’autres mais la liberté d’en avoir une. Elle n’est pas une conviction mais le principe qui les autorise toutes, sous réserve du respect de l’ordre public.

Lors de son passage à Kankan, le Ministre de la Justice et des droits de l’homme déclare devant les responsables locaux administratifs et religieux que monsieur Nanfo Diaby est libre de prier dans la langue qu’il veut même en chinois. Cette intervention de Monsieur le Ministre pose trois (3) problèmes inquiétants :

  • Son immixtion dans le fonctionnement d’un autre département ; celui du Secrétariat Général aux Affaires religieuses qui est chargé de mettre en œuvre la politique du Gouvernement en matière de culte et de religion en République de Guinée ;
  • L’affaiblissement des institutions de son propre département dans la mesure où le problème de Monsieur Nanfo était déjà résolu par les juridictions du pays notamment les tribunaux de Kankan et la cours suprême qui juge en dernier ressort et sa décision est sans appel.
  • Une telle déclaration de la part de Monsieur le ministre donne un soutien à Nanfo Diaby dans un pays à plus de 90% musulmans. Ce qui exposerait la région de Kankan en particulier et notre pays en général à deux dangers :
  • Le premier, les populations musulmanes de la localité seront amenées à engager une sans lutte sans merci pour défendre leur religion, car en islam, toute lutte pour la religion est une Djihad qui est récompensée par DIEU.
  • Le deuxième, nous vivons aujourd’hui dans un contexte de terrorisme islamique, de djihadisme qui pourraient être une menace.

Dès lors que Monsieur Diaby a sa propre religion, aller prier dans une mosquée des musulmans, et/ou utiliser les symboles de l’islam constituent une provocation. C’est comme un musulman qui se rendrait dans une église pour effectuer ses prières. L’islam est une religion qui a ses principes et ces exigences. Est une religion qui s’appuie sur le dogme du monothéisme absolu et prenant sa source dans le Coran, ( parole de Dieu) révélée, au Prophète Mohammad (SAW). Le mot islam signifie « la soumission et la sujétion aux ordres de Dieu ».

Tout musulman doit respecter des obligations de culte pouvant prendre le nom de piliers de l’islam. Ces cinq piliers constituent la base de la pratique religieuse de tous les musulmans.

La définition de la foi musulmane découle des textes du Coran ou des hadiths. Ces derniers définissent la croyance (ou la foi) par : La foi est que tu croies (1er) en Dieu, (2e) en Ses anges, (3e) en Ses livres, (4e) en Ses messagers, (5e) en la réalité du jour dernier, et (6e) que tu croies en la réalité de la destinée, qu’elle soit relative au bien ou au mal .

La question centrale qui fait l’objet de débats dans le pays est de savoir si la prière peut se faire dans une langue autre que l’Arabe ?

Cela nous amène à parler sur l’Inimitabilité et l’intraduisibilité du Saint CORAN. Ainsi nous nous appuyons sur les résultats de plusieurs études sur ce sujet dont entre autres les études analytiques DR Khairy SalehGharib Shaarawy, et celles du Pr. Hassan Hamzé.

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En effet, le Coran est le Livre sacré par excellence pour les Musulmans, Il fut révélé au Prophète Mohammad (Que les Bénédictions et les Salutations de Dieu soient sur Lui) par l’intermédiaire de l’Archange Gabriel. Le Texte coranique est la parole même de Dieu qui doit être transmise à l’humanité toute entière conformément au verset suivant qui confirme l’aspect universel du message coranique :

« Qu’on exalte la Bénédiction de Celui qui a fait descendre le Livre de Discernement sur Son serviteur, afin qu’il soit un avertisseur à l’univers S25 V1 »

Le Coran a été révélé en langue arabe au septième siècle. Cette langue coranique est l’arabe pur et clair comme l’indiquent plusieurs hadiths prophétiques et nombreux versets coraniques.

Par exemple ces versets:

« Nous l’avons fait descendre, un Coran en [langue] arabe, afin que vous raisonniez ». ( S12, V2).

et encore « Un Coran [en langue] arabe, dénué de tortuosité, afin qu’ils soient pieux ». (S39, V28).

Ainsi, le Livre sacré de l’Islam insiste à plusieurs reprises sur la pure arabité de sa langue, sa forme, son style et sa rhétorique pour écarter d’une part, tout soupçon relatif à l’existence d’un informateur étranger du Prophète Mohammad (Que la Paix et la Bénédiction d’Allah soient sur Lui), et d’autre part pour convaincre les destinataires du message coranique qu’il s’agit bien d’une parole divine.

Les témoignages des exégètes sont nombreux et récurrents à propos de l’inimitabilité du Coran. Le corollaire de ces affirmations est que celui qui ne maîtrise pas la langue arabe ne peut pas saisir les significations réelles et profondes du message coranique. C’est pourquoi, on trouve que tous les savants musulmans sont unanimes non seulement sur l’inimitabilité du Coran, mais aussi sur l’arabité du texte coranique.

Les savants musulmans confirment que le Coran est un miracle éternel dans sa langue ainsi que dans son contenu. En ce sens, le Coran défie les arabes d’écrire un texte semblable car il se présente comme une œuvre surhumaine. Cette inimitabilité requiert une vaste étude, puisque sa précision sémantique et syntaxique dépasse les capacités humaines. Les termes et les mots sont utilisés avec une extrême précision et exactitude de nature à les rendre irremplaçables.

Suite aux études analytiques, dans le cadre de la problématique de la traduction du Saint CORAN, sur six(6) traductions françaises, DR Khairy Saleh Gharib Shaarawy a conclu : « Nous sommes tout à fait conscient au fait que la traduction de ces termes- quelle que soit sa minutie- est toujours en deçà des sens sublimes indiqués dans la langue arabe du miraculeux Livre d’Allah, et que les sens exprimés dans la traduction sont le reflet du niveau atteint par le traducteur dans la compréhension de la langue arabe du Noble Coran, et par conséquent elle peut comporter des lapsus comme tout autre acte humain ».

Le Coran, lui-même, parle de manière explicite, de son inimitabilité. A plusieurs reprises les humains sont mis au défi par Dieu lui-même concernant le Coran comme indiqué dans les sourates suivantes :

« Dis : même si les hommes et les djinns s’unissaient pour produire quelque chose de semblable à ce Coran, ils ne sauraient produire rien de semblable, même s’ils se soutenaient les uns les autres »3 (Le Coran, S17, V88).

A un autre endroit, le Coran apporte un démenti aux accusations des infidèles. S’il était forgé par le Prophète, ils auraient pu faire de même :

« Ou bien ils disent: « Il l’a forgé [le Coran] » -Dis: « Apportez donc dix Sourates semblables à ceci, forgées (par vous). Et appelez qui vous pourrez (pour vous aider), hormis Allah, si vous êtes véridiques ». » (Le Coran, S 11, V13)

Enfin, le défi est poussé à l’extrême :

« Si vous avez un doute sur ce que nous avons révélé à Notre Serviteur, tâchez donc de produire une sourate semblable et appelez vos témoins, [les idoles] que vous adorez en dehors d’Allah si vous êtes véridiques. Si vous n’y parvenez pas et, certainement, vous n’y parviendrez jamais, parez-vous donc contre le feu » (Le Coran II/23-24).

Dès lors, le problème pour les Musulmans n’est plus de voir si oui ou non le texte est inimitable, mais de voir en quoi consiste cette inimitabilité. Il ne s’agit donc pas de discuter le fait lui-même, mais de l’expliquer, et c’est à l’intérieur de cette position que doit se situer le débat. Il n’y a pas le moindre doute sur cette inimitabilité, dit- Al-Hattâbî (388h/998c). C’est tellement évident que nous n’avons nullement besoin de le prouver. Il suffit de constater ce qui existe depuis sa révélation jusqu’à nos jours : Personne n’a pu relever le défi.

En effet, il est évident que si on est incapable d’imiter le Coran, c’est-à-dire de le traduire dans sa propre langue, c’est qu’on est incapable de le traduire dans une autre langue.

Les arguments avancés en faveur de l’intraduisibilité partent de considérations idéologiques. « Il faut admettre d’abord », dit-l’introduction de la traduction saoudienne (1989, p. III), c’est-à-dire avant toute discussion, que « la traduction du Coran n’est pas un coran dans une langue étrangère ». Elle n’est pas un coran « puisque le Coran est inimitable, et ce au niveau du sens, tout comme au niveau de l’expression ». « Le Coran est intraduisible parce qu’il est inimitable, et il est inimitable parce que c’est « la parole de Dieu au sens propre du terme. Une parole révélée et incréée » (ibid, p. I).

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L’Alburaq reprend la même argumentation : « Le Coran est par essence miraculeux et inimitable, tant au point de vue du fond qu’au point de vue de la forme. C’est la parole incréée d’Allah, révélée à son Messager Muhammad que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui » (p. 11-12).

S’il en est ainsi, une traduction du Coran n’est jamais une traduction au sens propre du terme. Elle ne fait que rendre les significations des mots et interpréter lorsque les significations aboutissent à des absurdités. Le Coran est intraduisible ; « On en interprète seulement les idées », dit-Malek Chebel dans l’introduction de sa propre traduction (2009, p. 5). C’est valable dans la langue elle-même, tout comme dans n’importe quelle autre langue.

Si le Coran est inimitable et intraduisible par ce que c’est la parole de Dieu, il est établit qu’on ne peut faire la prière canonique que dans la langue arabe.

Parlant de la prière, il important de souligner qu’Il y a une différence entre Salat et prier Dieu, Doua etc. Dieu comprend toutes les langues, nous pouvons donc prier (prières surérogatoires) Dieu avec n’importe quelle langue. Mais la Salat, un des piliers de l’islam, est un rituel qui obéit à certaines règles, parmi les règles il y a la récitation du coran, la parole de dieu révélée en arabe doit être étudiée, analysée, apprise et récitée en sa langue d’origine ; la langue arabe. Toute interprétation du coran restera parole d’humaine traduisant la compréhension humaine de la parole de Dieu.

La Prière est obligatoire, et cette obligation pour tout croyant relève de la base minimale de connaissance de tout musulman. Plusieurs versets coraniques ainsi que des paroles prophétiques enjoignent au croyant la prière. Nous citons entre autres :

« Accomplis la Salat au déclin du soleil jusqu’à l’obscurité de la nuit, et [fais] aussi la Lecture à l’aube, car la Lecture à l’aube a des témoins ». (S17, V78 )

« la prière a été instituée en tant qu’obligation pour les croyants lors de l’ascension du prophète (SAW) rapporté par ( Boukhari ; 3598, Muslim 234 et d’autres

Comment faire la prière ?

Le Prophète Muhammad (SAW) enseigne un principe de base que tout musulman, tout croyant doit se conformer:

Le prophète Muhammad (SAW) dit : « Priez comme vous me voyez le faire ». Rapporté par : Boukhâri(6705), Muslim)

De nombreux Hadiths relatent la prière du prophète Muhammad (SAW) ; nous en citerons le principal, appelé Hadiths de « celui qui a mal accompli sa prière ».

Le compagnon Abû Hurayra rapporte :

« Un homme pénétra dans la mosquée et pria. Il vint ensuite auprès du Prophète ( SAW) et le salua. Le prophète lui rendit le salut et lui dit : Reviens et refait ta prière, car tu ne l’a pas faite. Il refit sa prière comme il l’avait faite précédemment, et revint auprès du prophète(SAW) puis le salua. Mais à nouveau le Prophète (SAW) lui dit: Reviens et refait ta prière, car tu ne l’a pas faite. Il refit sa prière….. et revint auprès du Prophète puis le salua. Mais le prophète lui fit la même pour la troisième fois. L’homme lui dit : Par celui qui t’a envoyé avec la vérité, je ne sais pas prier autrement, apprends-moi. Le prophète (SAW) lui dit : lorsque tu te lèves pour la prière, effectue tes ablutions, puis mets- toi face à la Qibla, puis fais le takbir ensuite lis du coran ce que tu peux……. »

Dans ce Hadiths, Prophète (SAW) demande de lire du coran ce qu’il peut.

Quelques versets du coran qui prouvent à suffisance que la prière obligatoire (SALAT) deuxième plier de l’Islam ne se fait qu’en Arabe coraniques. Tels que :

« Récite ce qui t’est révélé du Livre et accomplis la Salat. En vérité la Salat préserve de la turpitude et du blâmable. Le rappel d’Allah est certes ce qu’il y a de plus grand. Et Allah sait ce que vous faites » (S29 ; V45). Et cet autre verset :

« Ton Seigneur sait, certes, que tu (Muhammad) te tiens debout moins de deux tiers de la nuit, ou sa moitié, ou son tiers. De même qu’une partie de ceux qui sont avec toi. Allah détermine la nuit et le jour. Il sait que vous ne saurez jamais passer toute la nuit en prière. Il a usé envers vous avec indulgence. Récitez donc ce qui [vous] est possible du Coran. Il sait qu’il y aura parmi vous des malades, et d’autres qui voyageront sur la terre, en quête de la grâce d’Allah, et d’autres encore qui combattront dans le chemin d’Allah. Récitez-en donc ce qui [vous] sera possible. Accomplissez la Salat, acquittez la Zakat, et faites à Allah un prêt sincère. Tout bien que vous vous préparez, vous le retrouverez auprès d’Allah, meilleur et plus grand en fait de récompense. Et implorez le pardon d’Allah. Car Allah est Pardonneur et Très Miséricordieux. (S73, V20).

El hadj Ibrahima Sory CISSE

E-mail : ibcisses@gmail.com

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