A quelques jours du début des Assises nationales sur l’ensemble du territoire guinéen, nous avons croisé la porte-parole du Comité national des assises (CNA), Dr. Makalé Traoré dans un réceptif hôtelier de la place où se tiennent les préparatifs. Malgré ses occupations, elle nous a accordé une interview dans laquelle, elle nous annonce le départ imminent de certains membres du CNA à l’intérieur du pays dont la durée de la mission est fixée pour 10 jours. L’ancienne ministre est également revenue sur les dernières activités du comité, tout en expliquant la portée de ces concertations qui visent à rassembler les guinéens pour amorcer un nouveau départ du pays. Lisez !
Dites-nous à quel niveau se trouve les préparatifs des assises nationales qui débutent le lundi 11 avril ?
Aujourd’hui nous avons tous, les arrêtés des délégués des communes des préfectures et nous sommes en train de travailler sur la logistique, pour que les premières équipes commencent à partir ce soir et d’autres demain. Certains seront acheminés par hélicoptères jusqu’aux régions administratives et d’autres par véhicules. Donc vous avez dû voir que les véhicules commencent à s’y mobiliser ici.
Comme prévu nous avons fait aujourd’hui une vidéo-conférence avec les guinéens de l’extérieur et avec les préfectures pour bien expliquer le processus de déroulement de ces assises. Donc nous l’avons fait avec nos compatriotes d’Europe et d’Amérique d’Afrique et même d’Asie. Parce que nous avons pu parler avec le japon en même temps avec les mairies de Conakry et les préfectures de l’intérieur.
A partir de lundi les assises vont être lancées. Une déclaration officielle a été faite par les co-présidents (El hadji Mamadou Saliou Camara et Monseigneur Vincent Coulibaly). On va commencer à passer ce soir un message pour appeler les guinéens y compris ce qui sont réticents à rejoindre ces assises. Elles sont une occasion historique et exceptionnelle qui permettront de mettre sur la table les choses que nous avons enfouies pendant longtemps. Cela fait que nos rencontres sont teintées de violences et de contradiction parfois insoluble.
En plus de la composition des équipes, comment les assises vont se dérouler sur place ?
La mission va durer pendant 10 jours. Sur le terrain il va y avoir des équipes. Chaque équipe est coordonnée par un représentant du comité national et ces équipes vont être là pour écouter nos compatriotes. Vous pouvez venir seul tout comme vous pouvez venir en groupe pour dire ceux dont vous avez souffert en termes de violence ou de discrimination. Ensuite, ce que vous avez déclaré, va être consigné, enregistré. Vous pouvez également dire votre besoin pour arriver à ce pardon. C’est une réparation, c’est un procès c’est une compensation. C’est des excuses individuelles ou collectives vous allez exprimer ‘’moi je veux pardonner mais je pardonne à condition’’. Ce besoin-là, cette proposition ou cette demande va être consignée. Elle sera accompagnée par des recommandations qui seront transmises à la plus haute autorité de ce pays, au Colonel Mamady Doumbouya président de la transition.
Est-ce que ces assises se feront dans les sous-préfectures ou district de la Guinée ?
Il est prévu des assises au niveau des communes et des préfectures. Mais avec la participation des sous-préfecture tous les arrêtés sont prêts. Il y aura de chaque sous-préfecture 4 représentants qui vont être au niveau préfectoral pour participer à ces Assises et après une restitution au niveau des sous-préfectures.
Il y a une partie de l’opinion qui estime qu’au lieu de faire ces assises, qu’il vaut mieux organiser des procès pour rendre justice aux victimes. Qu’en pensez-vous ?
Je viens de parler de besoin de proposition et de demande cela renvoie à la justice. Moi je souhaite un procès, parce que ce que j’ai vécu doit passer par un juge, il y aura ce procès. Moi, ce que j’ai vécu en tant qu’injustice, je veux qu’il ait de réparation, je veux qu’il ait une réhabilitation, je souhaite qu’il ait une réforme dans tel ou tel domaine. Par exemple le domaine foncier ou autre. Ne résumez pas cette demande à un procès. C’est pourquoi, nous ne disons pas vérité, justice et pardon. Tout n’est pas procès. Il y a des justices qui ne sont pas simplement dans la judiciarite de l’acte ou de l’action. Ça peut être une réforme, une attitude, un changement de paradigme dans notre comportement. C’est ce qui est recherché pour nous. Donc, le mot justice est un aboutissement pour arriver au pardon. Alors ceux qui comprennent qu’on n’a pas parlé de justice en tant que mot dans le libellé, c’est une mauvaise interprétation. Ce qui est recherché aujourd’hui, ce que les chose se passent à ce qu’il ait plus de répétitions. Puisque, si c’est le pardon, on en a demandé à plus de multiples fois, si c’est la réconciliation, on en a parlé multiples fois. Cette fois, on donne la parole aux guinéens, ce n’est pas un groupe ciblé, c’est aux guinéens. C’est une démarche particulière.
Peut-on avoir une idée sur le budget de fonctionnement de ces assises ?
On n’a pas de chiffre pour le moment on est en train de travailler dessus. Nous on a travaillé techniquement sur le process. Et là, les véhicules qui commencent à arriver. Mais, je sais que les délégués vont avoir le carburant le transport. Ils vont bénéficier de primes sur le terrain.
Je voudrais que chacun ait d’abord à l’esprit l’objectif et l’opportunité de ces assises. Le cout à la limite n’est pas important. Ce qui est important, c’est si on arrive demain à ce que les guinéens se regarde autrement. On a pris un chemin qui nous a divisé qui a cultivé la haine. Si nous voulons que la Guinée change, ça ne se fera pas sans nous. J’aimerai bien un jour, moi soussou être élue au Fouta. Là, la Guinée aura fait un chemin sur le rapprochement de nos populations et aussi la confiance en notre pays et à notre état. Ceci est important, c’est vraiment le départ de tout développement que nous souhaitons de toutes nos forces.
Quel est votre message à l’endroit des sceptiques sur la réussite de ces assises ?
J’appelle aux guinéens de croire aux hommes et aux femmes qui composent ce comité, de nous faire confiance et d’être rassurés que nous allons fidèlement transcrire ce qui sera dit et fidèlement transmettre ce qui sera demandé.
Propos recueillis par Ibrahima Bah