Ce 6 février l’humanité a célébré la journée internationale de lutte contre les mutilations sexuelles féminines. La mutilation génitale féminine définie par les Nations unies comme l’ensemble des interventions qui consistent à alléger ou altérer les organes génitaux de la femme pour des raisons non médicales, pourrait entraîner des graves complications pour la santé, pour la fertilité et pour la sexualité. Elle concerne, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) entre 100 et 140 millions de femmes sur la planète dont plus de 91 millions de femmes et de filles sur le continent africain.
Cette journée mondiale de lutte contre l’excision est une pratique dangereuse non seulement physique, mais aussi psychologique pour la santé des filles et des femmes. Cette problématique est en fonction des régions, des religions et des traditions. Elle pourrait avoir un impact différent sur les sexes féminins.
Dr Mamadi Souaré, chef de service Maternité de l’hôpital régional de Kankan, la mutilation génitale est une tradition néfaste qui consiste à l’ablation partielle ou totale des organes génitaux externes des fillettes et des femmes et toutes autres mutilations génitales. Il donne les raisons qui poussent les parents à exciser les filles : « Il y a certaines communautés, où on pense que sans l’ablation du clitoris d’une fillette, elle ne deviendra pas une femme adulte. On dit aussi quand une fille n’est pas excisée. Certains pensent encore que nos religions acceptent que la pratique de l’excision est autorisée et on pense aussi qu’une fille qui n’est pas excisée a toujours envie des rapports sexuels et pour diminuer son envie on décide de faire l’excision ».
Après avoir souligné le taux de diminution de cette pratique, il donne un sage conseil à tous les pratiquants de l’excision : « L’excision a beaucoup de complications chez les filles. L’excision peut rendre une femme stérile. Elle peut avoir des infections, elle peut avoir des problèmes au moment des rapports sexuels. Ensuite pendant l’accouchement elle peut avoir des difficultés pour accoucher et on sera obligé de passer par la césarienne pour accoucher ».
Rencontrée à l’hôpital régional de Kankan, une femme victime de cette excision depuis à bas âge, a accepté de parler de sa souffrance sous le sceau de l’anonymat : « J’ai été excisée depuis à bas âge avec mes sœurs, mais elles ont des enfants. Elles n’ont pas eu de problème. C’est tout dernièrement qu’on a découvert que mon vagin été refermé après l’excision et je ne pouvais pas avoir le rapport sexuel avec mon mari. J’avais aussi un problème de règles et par en fin, j’ai été chez un gynécologue. Après les visites, il a signalé qu’il faut une opération. Depuis 2018 j’ai suivi cette intervention, mais depuis ça jusqu’à présent je ressens des douleurs lors des rapports sexuels, pendant et après les règles ».
Moussa Fanta Camara, imam de la mosquée Sömötoukoro dans le quartier Dalako, relève un hadith du prophète Mohammad (PSL) affirmant que l’excision n’est pas une obligation, mais une souna (tradition) soutenue car il a dit que si le point de circoncision et celui de l’excision se touchent, les grandes ablutions deviennent obligatoires. Ce qui signifie que l’homme doit être circoncis et la femme doit être excisée. Il précise que pour les femmes, ce n’est pas une obligation, mais plutôt une recommandation.
Il faut signaler que au jour d’aujourd’hui, cette pratique est plus accentuée en rage campagne que dans les centres urbains. Selon les statistiques, sur le plan de l’excision, la Guinée occupe la deuxième place en Afrique après la Somalie.
Mamadi Kaba depuis Kankan pour lecourrierdeconakry.com