En séjour à Conakry pour animer un séminaire de formation sur la prévention du blanchiment de capitaux et financement du terrorisme, Pierre Laporte, avocat au barreau de Paris et membre du Cabinet Gouvernance, a accordé une interview à un reporter du courrier de Conakry.

Dans cet entretien qui s’est passé dans un réceptif hôtelier de la place, l’expert français, est revenu sur les risques du blanchiment de capitaux dans un pays comme la Guinée et a proposé des pistes de solutions. Lisez !

Quelles sont les raisons de votre présence sur le territoire guinéen ?

Je suis là dans le cadre d’un séminaire. En fait, nous avons pendant deux jours délivré une formation sur le blanchiment d’argent qui est une obligation aux banques, aux institutions financières mais aussi aux grandes entreprises. Car, cela vise à éviter que l’argent d’origine qui serait inconnu soit blanchi à travers des activités licites.

Nous étions une quinzaine de personnes. Nous avons pu échanger sur les bonnes pratiques dans ce domaine à la fois en Guinée à travers des expériences de la BCRG, de la cour des comptes et des entreprises minières de banques. Et puis à travers mon expérience et des conseils d’entreprises françaises présentes en Afrique.

Concrètement quels sont les sujets abordés pendant le séminaire ?

Nous avons abordé plusieurs questions, notamment l’identification des risques. Parce que pour se protéger d’un risque, il faut d’abord les identifier. Donc, la meilleure façon de les identifier, c’est de faire la cartographie des risques. Vous faites la liste de tous les types de risques que vous rencontrez dans la vie des affaires.

Ensuite nous avons étudié et fait une comparaison des procédures de préventions du blanchiment d’argent entre des modèles utilisés par des institutions financières et des banques en France par des modèles qui sont utilisés ici par des banques. J’avoue que cette étude de droit et de pratique comparée a été très utile. Parce qu’elle montre qu’ici les pratiques sont tout à fait au niveau internationale mais que dans l’échange et dans la comparaison ont doit toujours s’enrichir mutuellement.

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Parlant du blanchiment de capitaux, quel est votre regard sur la situation de la Guinée.

Je pense que la Guinée, il y a un certain nombre de particularité et un profit de risque spécifique qui est dû à plusieurs facteurs. D’abord, c’est une économie qui est en partie importante, une économie extractive. Donc des économies d’extraction, notamment d’extraction de minerais ont toujours un risque de fraude et de blanchiment. Ce n’est pas spécifique à la Guinée Conakry, c’est spécifique à l’économique extractive.

Ensuite une autre spécifique de la Guinée, certainement c’est du fait qu’une partie de la Guinée est une économie non officielle pour laquelle il y a beaucoup d’argent liquide. Donc l’argent liquide est évidemment en partie à l’origine des risques de blanchiment. Tout ça fait qu’il y a des risques qui sont liés au pays ou à l’Afrique de l’ouest.

D’ailleurs, il y a des institutions comme le GIABA (Groupe inter-gouvernemental d’action contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme en Afrique de l’Ouest) qui est une institution de coopération des pays de la CEDEAO en matière de prévention et de lutte contre le blanchiment d’argent.

Nous avons étudié et discuté ensemble avec les membres qui ont assisté à notre formation des rapports du GIABA dans le monde du secteur de l’extraction minérale dans le monde des centres de dépôt des liquides. Ce sont des problématiques et des risques qui sont biens étudiés dans la région et pour lesquels, il y a déjà des études très approfondies qui sont faites par les institutions régionales.

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Avant de parler des conséquences, pouvez-vous nous rappelez les causes du blanchiment de capitaux dans un pays comme la Guinée ?

C’est parce que c’est tout simplement une économique d’un pays émergent, avec des activités qui donnent lieu à la production d’argent liquide. Ce n’est pas une spécificité de la Guinée mais c’est une particularité de ce type d’économie.

En ce qui concerne les conséquences : il y a une injection de l’économie réelle d’argent dont l’origine peut être illégale, illicite avec des activités illicites. Donc, c’est peut-être lié au trafic d’armes, du trafic de différent biens, de la corruption et à d’autres infractions. L’objet, de lutter contre le blanchiment est tout simplement de réduire la part d’activité illégale dans une économie. C’est tout à fait légitime, nécessaire et utile.

En tant qu’expert, qu’est-ce qu’il faut pour lutter contre le blanchiment de capitaux en Guinée ?

Je Pense que les personnes que j’ai rencontrées pendant ces deux jours qui connaissent parfaitement la législation et qui connaissent parfaitement son application peuvent aider à lutter contre cette problématique en Guinée. Donc les solutions, c’est de faire connaitre le sujet. Ces formations sont utiles à ce titre. C’est de former et que les autorités appliquent la loi.

Merci pour votre disponibilité.

Propos recueillis par Ibrahima Bah

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