Depuis Douala, le président du Parti de la Liberté et du Progrès (PLP), Laye Souleymane Diallo a donné son avis sur l’évolution de la transition en Guinée. Dans une interview téléphonique accordée à la rédaction du site dinformations lecourrierdeconakry.com, il s’exprime sur le séjour médical du Premier ministre Mohamed Beavogui, les  ennuis judiciaires des leaders politiques jusqu’à la dissolution du FNDC par le MATD Lisez !

Que pensezvous de labsence prolongée du Premier ministre Mohamed Béavogui en Guinée ?

Je pense que nous avons à l’époque tous féliciter le choix vu son CV et ses capacités intellectuelles, étant diplomate de carrière. Mais j’avoue que nous nous sommes trompés dès le départ.

Le premier ministre qu’il faut pour cette transition doit être un homme politique doté d’une grande expérience. Nous navons ni besoin de technocrate, ni de diplomate, mais un homme issu du rang de la classe politique.

Rappelezvous en 2008, avec le président DADIS qui avait nommé Kabinet Komara Premier ministre mais il navait pas eu sa chance darranger les choses. Il a fallu larrivée du feu Jean-Marie DORÉ pour reprendre les choses en main. Il a été lhomme de la situation qui na pas mâché ses mots devant la classe politique et devant la communauté internationale.

À l’époque cest grâce à lui que les accords de Ouaga ont pu être respectés. Donc, je pense sincèrement que le choix de Mohamed BEAVOGUI a été un choix non concerté et réfléchi. Cette transition est dabord politique. Cest de ça dont il sagit. Donc, il faut situer la chose dans son contexte et placer les hommes quil faut parmi les doyens de la politique guinéenne pour gérer cette transition.

 

Vous voulez dire que vous attendez la démission de Mohamed Beavogui dans les prochains jours ?

L’impact de cela aura pour conséquence l’ouverture d’un dialogue franc avec toutes les forces vives de la nation, la décrispation du climat politique à travers le retour de la classe politique. Il y’ aura moins de pression de la communauté internationale et les organisations sous régionales. Ainsi, nous trouverons les solutions aux problèmes guinéens. Je ne saurai dire si l’actuel premier ministre est démissionnaire ou pas mais son silence et son absence prolongé nous laisse croire qu’il a jeté l’éponge. Je laisse quand même le bénéfice du doute en espérant qu’il sera bientôt de retour à son poste.

Certains leaders politiques accusent le CNRD d’avoir un candidat potentiel pour les prochaines élections présidentielles. Qu’en dites-vous ?

Je ne crois pas qu’il y’ a une intention planifiée d’exclusion. Ce qu’il faut retenir, est qu’il faut éviter les mauvaises interprétations des choses. Nous entendons souvent qu’il y’ a une volonté manifeste de chasse aux sorcières, de l’exclusion de tel parti ou de telle personnalité politique pour des raisons de positionnement stratégiques du CNRD à se maintenir au pouvoir.

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En tant que leader politique, président du PLP, je conseille au CNRD que si de telles démarches font parties de leur programme, alors ils ont un très mauvais conseiller dans ce sens.  S’ils (les membres du CNRD, ndr) n’œuvrent pas à ouvrir un dialogue sincère, c’est le peuple qui se soulèvera. Leur mission n’est pas seulement à la refondation de l’État mais aussi le maintien de l’unité nationale à travers le dialogue qui doit être leur crédo au moment où le pays en a besoin.

Nous avons besoin de tous les fils du pays. L’exclusion ne nous mènera nul part. Chaque parti politique, chaque organisme de la société civile grand ou petit à droit de dire un mot pour l’avenir de notre destin commun à nous tous. Je pense qu’il faut éviter certaines pratiques pour aller de l’avant. Les partis politiques ont aussi le devoir de comprendre les enjeux sociaux économiques de notre pays et être flexible pour permettre une transition apaisée et réussie… Le CNRD doit aussi être objectif dans ses démarches. Ils (membres du CNRD, ndr) doivent comprendre que ce sont les politiques qui peuvent apaiser les tensions même au niveau international. Tout le monde doit être impliqué et consulté. L’avis de tout le monde compte. Le respect des engagements aussi doit être leur force pour permettre une sortie de crise définitive.

Quelle est votre perception de l’arrêté du ministre de l’administration du territoire et de la décentralisation, Mory Condé qui dissout le Front National pour la Défense de la Constitution ?

Il faut d’abord comprendre que Chaque pays a ses réalités, ses lois, et son fonctionnement. La dissolution du FNDC ne résulte pas seulement du MATAD mais bien d’un Conseil de ministre qui a en décidé de son sort.

Selon vous, dans quelle mesure l’État peut prendre une telle décision ?

Il est évident aussi que l’État peut prendre des dispositions pour dissoudre une association ou un mouvement pour les motifs suivants :

  • Provocation à la haine, à la violence ou à la discrimination envers une ou plusieurs personnes pour des raisons ethniques, raciales ou religieuses ;

– Actes commis sur le territoire guinéen visant à provoquer des actes de terrorisme ;

– Association présentant le caractère de milice privée ou de groupe de combat. Dans le cas de figure de notre pays, il est inopportun de donner la force à des mouvements qui fragilisent le tissu social, sous prétexte de défendre une démocratie à connotation personnalisée.

Qu’est-ce qui vous fait penser que le FNDC n’est plus dans la logique de lutte pour le maintien d’un véritable État de droit ?

Je pense que le FNDC devrait revoir son orientation politique et sa ligne de bataille après la chute du Pr ALPHA CONDE. Puis qu’il n’y a plus de constitution à défendre, il n’y a que l’intérêt de toute la nation qu’il faut défendre contre les agissements indélicats.

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S’ils voulaient réellement défendre le pays, ils devraient se constituer en parti politique légalement établi pour participer au différents processus du dialogue national et même être au centre des débats. Après le coup d’État, nous avons vu ces jeunes dynamiques rencontrés les chefs d’États, tel que le président du Ghana et du Niger afin de permettre la bonne marche de la transition. C’est cette démarche qui était salutaire. Mais fort malheureusement on a remarqué qu’ils ont plutôt chaviré du côté de la violence au détriment de l’intérêt général. D’ailleurs, nous devons tous œuvrer pour sortir ce pays dans ce gouffre politicien.

Donc, vous estimez que les manifestations n’arrangent pas les guinéens en cette période transitoire ?

Dites-moi réellement monsieur le journaliste, les manifestations nous arrangent-elles ? Ou arrangent un groupe qui fait pression pour obtenir des avantages ?

Il faut se poser la question de savoir est-ce que l’intérêt du FNDC est-il forcément l’intérêt de la Guinée ? Je crois qu’il faut faire la part des choses. C’est de se regarder dans le miroir et se dire qu’est-ce que j’ai fait pour la Guinée ? Nous voici dans une crise constitutionnelle que faut-il faire pour en sortir ? L’heure n’est ni de manifester ni d’être radical. Le cadre du dialogue est ouvert et il faut aller vers ce dialogue pour nous faire entendre.

Vous, en tant qu’acteur politique quelle solution préconisez-vous pour sortir de cette transition ?

Nous devons affronter le CNRD sur le terrain glissant créé par eux même. Il faut juste revoir le cadre du dialogue, proposer des amendements et au final obtenir une issue favorable à la situation.

Avant même de proposer d’aller au dialogue, les différentes coalitions devraient s’inviter et s’unir pour faire pression. Nous les politiques, nous sommes divisés, c’est ça la vérité. Nous allons à rang disperser vers ceux qui détiennent le pouvoir. Chaque coalition en ce qui lui concerne à donner des avis au CNRD et je pense sincèrement que si on s’unissait au moment où le MATD avait demandé des avis, nous n’en serions pas là aujourd’hui.

Nous sommes allés vite en besogne et les autorités ont profité de ce désordre pour nous imposer un canevas à suivre. J’appelle à l’unité des coalitions politiques pour l’intérêt général. Par rapport à la situation des prisonniers politiques. Je ne sais pas s’il faut dire prisonniers politiques ou pas, mais sachez qu’une procédure judiciaire est en cours.

Attendons la fin de ladite procédure pour se prononcer sur leur cas. Laissons la justice faire son travail s’il se trouve que les accusés sont reconnus coupables, le peuple de Guinée en tirera les leçons.

Merci monsieur le président du Comité Central du PLP LAYE SOULEYMANE DIALLO d’avoir répondu à nos questions depuis Douala, Cameroun.

C’est à moi de vous remercier et à bientôt à Conakry.

Interview réalisée par Ibrahima Foulamory Bah

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