Officiellement installé dans ces nouvelles fonctions de Premier ministre ce jeudi 29 février, Amadou Oury Bah, communément appelé Bah Oury est la troisième personnalité à occuper ce poste sous l’ère CNRD. Il succède ainsi à Dr Bernard Goumou qui avait aussi pris la place de Mohamed Béavogui.

Bah Oury, économiste de formation est considéré par beaucoup de guinéens comme un cadre doté de beaucoup de qualité et d’expérience dans plusieurs domaines pour diriger un gouvernement. A cet effet, la rédaction du Courrier de Conakry présente à ses lecteurs, le parcours du nouveau locataire du palais de la Colombe.

Né en 1958 à  Pita en moyenne Guinée, Bah Oury est parti au Sénégal avec son père à l’âge de 6 ans en 1964, fuyant ainsi la dictature de Sékou Touré, où il a grandi et fait des études remarquables.

Primé au concours général des lycées du Sénégal où il a raflé les meilleurs prix nationaux en mathématiques, en français, en philosophie et en histoire et ayant obtenu la mention très bien au baccalauréat série sciences mathématiques (1er de la république du Sénégal), cela lui vaut d’être épaulé par le Président Léopold Sédar Senghor en lui octroyant la nationalité sénégalaise et une bourse pour la France pour faire les classes préparatoires aux Grandes Écoles Françaises à Louis -Le -Grand à Paris où passent une majorité de l’élite Française.

Après des brillantes études en mathématiques supérieures, il enseigna quelques années en France avant de décider d’abandonner tout et de rentrer dans son pays natal la Guinée qui avait plus besoin de lui que son pays d’adoption – le Sénégal là où il avait tout ce qu’il fallait pour réussir une grande carrière étant un protégé de Senghor. C’est ainsi il rentrera définitivement en Guinée sans aucune perspective d’emploi après la mort du tyran Sékou Touré en 1984.

Dés 1985 -1986, à Conakry il commence à organiser des jeunes, dans le cadre d’une prise de conscience démocratique et citoyenne. C’est parmi ce groupe que vont émerger des leaders du mouvement estudiantin de 1988, 1989, 1990, 1991 et 1992. Parmi eux DIALLO Moustapha dit « Mousto », Mamounais, Djan Barry, Dinah Bangoura, Yéro Baldé, Sadio Barry et tant d’autres.

Avec le Doyen Thierno Madjou Sow, ils créent l’OGDH en 1990 avant l’adoption par le CMRN de la Loi Fondamentale. Ces militants des droits de l’homme ont été les précurseurs de l’organisation politique du pays. Après l’assassinat de l’étudiant Sékou Traoré, le 22 novembre 1990, l’OGDH appelle à une manifestation pacifique pour protester contre l’utilisation des balles réelles contre des étudiants. Arrêtés, ils seront incarcérés pendant 3 jours.

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Membre fondateur de l’UFD (Union des Forces Démocratiques de Guinée) dans la clandestinité en 1991

Accusé d’avoir voulu attenter à la vie du Général Lansana Conté, il fut arrêté le 27 octobre 1992 et fut libéré deux jours plus tard sous la pression populaire.

Les mouvements politiques et sociaux sombrèrent dans la léthargie, tout en participant à des élections dont les résultats étaient connus d’avance. Cette période (1993 – 2001) était animée par le PUP, le RPG, l’UNR, et le PRP. Quant à elle, l’UFD sombra dans une crise de leadership et le mouvement se divisa entre les partisans de Bah  Oury et ceux d’Alfa Sow (paix à son âme), qui sera le directeur de campagne d’Alpha Condé aux présidentielles de 1998. L’UFD se restructura en changeant de sigle au congrès d’août 1997, pour devenir UFDG.

Le 18 septembre 2004, l’UFDG, avec comme Président BA Mamadou et BAH Oury comme Secrétaire Général, lancèrent la première manifestation pacifique pour réclamer la libéralisation des ondes et le respect des droits démocratiques des citoyens. Le gouvernement d’alors envoya des matraques et du gaz lacrymogène contre les manifestants.

Suite à l’arrivée de Cellou Dalein Diallo à la tête de l’UFDG en 2007, Bah Oury devint le 1er Vice- Président, chargé des Relations Extérieures et de la Communication.

Après le Gouvernement dit de large consensus de Lansana Kouyaté (mars 2007 – mai 2008), Ahmed Tidiane Souaré prit le relais (19 mai 2008 – 22 décembre 2008) pour être le Chef du Gouvernement qui comptait pour la première fois dans l’histoire de la Guinée moderne des représentants de partis de l’opposition. C’est ainsi que BAH Oury représenta dans ce gouvernement l’UFDG comme Ministre chargé de la Réconciliation Nationale de la Solidarité et des Relations avec les Institutions.

Quel est le bilan de BAH Oury, comme Ministre ?

Envoyé par l’UFDG, dans le gouvernement de large consensus après les événements de janvier février 2007 comme ministre de la réconciliation nationale en 2008, Bah Oury en 6 mois est arrivé à poser des actes qui indéniablement marqueront l’histoire du processus de réconciliation dans notre pays. Il a par ailleurs posé un acte historique et courageux, en reconnaissant publiquement et officiellement dans la cours du tristement célèbre CAMP BOIRO la responsabilité de l’Etat guinéen dans tous les crimes politiques commis en Guinée depuis l’indépendance, cet acte lui valu d’être menacé pas des anciens PDGistes et certains membres du CMRN notamment Facinet Touré.

Dans son souci de réconcilier les guinéens, il s’était battu corps et âme auprès du président Lansana Conté et obtenu l’accord de dédommagement total des victimes de l’expropriation et destructions de biens de KAPORO RAIL. Rappelons que cette affaire de Kaporo Rail avait valu au doyen feu BA Mamadou d’être arrêté et emprisonné pour avoir dénoncé le caractère ethnique de cet acte.

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Toujours, dans son engagement pour le respect des droits de l’homme et de réconciliation des guinéens, il s’est employé à retrouver et restituer les corps des 8 forestiers injustement et sauvagement massacrés, par les éléments de la garde présidentielle du Général Conté à Coza en 2000 et dont les corps ont étés caché par l’état guinéen à la morgue de DONKA sans que les parents des victimes ne soient informés.

Il a aussi dans ce combat demandé et obtenu de l’état guinéen la réparation symbolique du préjudice par la construction d’un monument à la mémoire des victimes dans leur ville natale et la reconnaissance de la responsabilité de l’état guinéen dans ce crime. Il a fallu que Mr BAH Oury soit ministre de la réconciliation nationale pour que les parents de ces victimes puissent faire leur deuil après 8 ans de larmes et de désespoir.

Les évènements du 28 septembre

Lors de la transition du Conseil National pour le Développement et la Démocratie en 2009, Bah Oury préside la commission d’organisation de la manifestation au stade du 28 septembre qui aboutira à un massacre de la junte militaire. En 2010, il est auditionné après s’être inscrit comme partie civile à propos de ce massacre7.

En exil en France, il est condamné à perpétuité par contumace pour atteinte à sureté de l’Ėtat en 20118, à la suite de la tentative de coup d’État contre Alpha Condé9. Gracié en  par Alpha Condé8 il aura, à la fin de son exil, reçu une distinction de l’organisation guinéenne de défense des droits de l’homme et du citoyen OGDH10.

Expulsion de l’UFDG

Le , il est exclu définitivement de l’UFDG, pour son soutien au pouvoir plutôt qu’aux décisions et à la ligne électorale du parti11.

Après son expulsion, Bah Oury prendra les rênes de l’Union Démocratique de Guinée (UDD). Suite à une crise de cette formation politique, le natif de Pita rejoindra un autre parti politique. En 2020, il devint président de l’Union des Démocrates pour la Renaissance de la Guinée. Il dirigera ce parti jusqu’à sa nomination à la Primature le mardi 27 février 2024.

Avec : blog BahOury et Wikipédia

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