Le ravitaillement des différents marchés de la commune urbaine de Kankna en poisson conditionné est en grande partie assuré par des conservateurs frigorifiques qu’on rencontre dans plusieurs endroits de la ville. Entre la mauvaise qualité et la cherté des prix de ce produit halieutique, les consommateurs ont du mal à se situer. 

Le poisson conditionné est l’un des aliments primaires les plus consommés dans les différents ménages de la circonscription de Kankan. Les poissons communément appelés Sinapa, Bolorkhi, Kôtchoumani et Gbonkan (Sardine), avant qu’il ne se retrouve sur les étales des marchés ou dans le panier de la ménagère, passent tout d’abord dans les appareils frigorifiques détenus par de nombreux commerçants comme Condé Karamo, situé dans le dos du grand marché Dibida. Il explique le processus et ses difficultés : « Nous prenons les poissons à Conakry. On les met dans une camionnette frigorifique. Les femmes viennent les acheter. Au soir si la marchandise n’est pas finie, elles nous les ramènent pour qu’on puisse les conserver dans les chambres froides. Pour cela, on allume un moteur du matin au soir. Mais le problème est qu’on ne gagne pas de courant à 100%. Chaque jour alors on est obligé de dépenser plus de  400 000 ou 450 000 GNF, comme frais de carburant. Et pour transporter les poissons du port de Conakry jusqu’ici, il faut au minimum, 15.000 000 GNF. En plus, la bonne qualité du poisson est presque introuvable. Mais on n’a pas le choix. On est obligé d’acheter ce qu’on gagne ».

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Et puis, en cette période de grande chaleur, les risques que les poissons pourrissent sont grands. Par conséquent, les vendeurs du poisson conditionné préfèrent écouler leurs produits à perte.

« En cette période, les choses sont un peu difficiles pour nous. Il fait chaud. Et  les poissons se dégradent facilement. En temps de fraicheur, on peut passer  une à deux semaines sans que les poissons ne pourrissent. Mais actuellement, en moins de quelques jours, les poissons commencent à se mouiller. Alors nous aussi on les liquide à n’importe quel prix ».

Les revendeuses quant à elles, se plaignent de la mauvaise qualité et de la cherté des prix des poissons qui leur sont proposés. Bébé Sylla possède un fumoir de poisson au quartier aéroport : « On ne trouve presque plus de poissons sur le marché. Les poissons en bonne qualité sont rares. Et le prix est aussi trop élevé. Comment croire qu’un seul carton du poisson communément appelé Kaissi puisse coûter plus de 400.000 GNF. Avec ça comment se faire des bénéfices ? C’est compliqué».

Pour prévenir d’éventuelles complications sanitaires liées à la consommation des poissons de mauvaise qualité, Fanta Kouyaté, ménagère résidant au quartier Bordo, exhorte les autorités à développer la pêche locale : « Les poissons qui proviennent de Conakry, quand tu as la chance d’en trouver de bonne qualité, c’est bon. C’est vitaminé, mais parfois quand ce n’est pas le cas, cela devient la cause de maux de ventre et de plusieurs autres maladies. Les poissons de chez nous sont plus vitaminés que ceux d’ailleurs. Même périmé, ça représente moins de risque. Moi je lance un appel aux autorités pour qu’elles développent la production locale du poisson, sa conservation aussi. Cela nous ferait très plaisir».

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Aussi, selon plusieurs ménagères, c’est le phénomène de poisson pourri qui est devenu fréquent ces temps-ci, dans les différents marchés de la commune urbaine.

Mamadi KABA depuis Kankan pour lecourrierdeconakry.com

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