Suite à la publication des résultats du baccalauréat unique 2024 par le ministère de l’Education et de l’Alphabétisation, chacune des directions communales de l’Éducation du pays a pu faire le bilan des examens nationaux dans sa juridiction. A Kaloum, le directeur communal de l’Education, Ibrahima Yattara s’est livré également à cet exercice. S’il s’est réjoui de la moyenne globale obtenue par sa localité avec un taux de réussite de 59,47%, il a tout de même déploré le taux d’échec catastrophique de plus de 86% au baccalauréat unique à Kaloum.
Dans un entretien accordé à notre rédaction, il explique les raisons de l’échec au baccalauréat tout en fustigeant le comportement des candidats. Lisez !
Le Courrier de Conakry : Cette année le taux de réussite au BAC à Kaloum est de 13,13%, qu’est-ce que cela vous inspire ?
Comme vous le savez, la moyenne nationale, c’est 24,64% mais le pourcentage de notre juridiction dans la commune de Kaloum est 13,13%. Donc, il est en dessous de la moyenne nationale. Nous allons tirer les leçons pour déterminer pourquoi la chute. Les futurs candidats doivent commencer à réviser dès maintenant.
Qu’est-ce qui explique ce résultat catastrophique ?
Les élèves qui font la terminale croient beaucoup plus à la fuite des sujets et les traités sur les réseaux sociaux. Ils comptent plus sur l’aide extérieure qui (sujets, ndr ) sont généralement mal traités. Ces candidats manquent de confiance en eux. Par contre les candidats au CEE et au BEPC croient en eux. Ils ont compté sur leurs capacités pour traiter les sujets.
A qui la faute ?
Chacun à sa part de responsabilité dans cet échec y compris les enseignants mais il faut fustiger le comportement des élèves. Parce que quand tu viens jusqu’en terminale, tu ne peux compter que sur tes capacités pour décrocher le bac et non sur les traités des réseaux sociaux.
Contrairement au Bac, la commune de Kaloum a réalisé des taux de réussite très élevés à l’examen d’entrée en 7ème année et au Brevet d’Etudes du Premier Cycle (BEPC). Qu’en dites-vous ?
En ce qui concerne le CEE, après la récorrection, comparativement à l’année dernière, le taux a augmenté à 70%. Au niveau du BEPC, il y a eu également une hausse avec un taux de réussite de 90,42%. Quand je prends la moyenne globale des trois examens, on a 59,47%.
Je suis content parce que le pays n’a pas besoin de beaucoup de cadres supérieurs. Ça c’est conforme à la vision du pays et du monde. On a besoin beaucoup plus des agents techniques que des cadres supérieurs. On ne doit plus passer le bac pour rentrer forcément à l’université. Il doit y avoir un changement de paradigme. Ce que je déplore seulement, au niveau de ma juridiction, c’est la disparition du profil sciences expérimentales. Ça n’existe que dans les deux écoles publiques avec une quinzaine d’élèves en terminale (2 octobre et 28 septembre) et non dans les écoles privées. Pourtant notre État a besoin du profil sciences expérimentales
Selon vous, pourquoi les élèves n’optent plus pour les SE?
Tout a commencé avec la fermeture des facultés de médecine en disant qu’on a beaucoup de médecins alors que les gens souffrent à l’intérieur du pays par manque de médecins.
Deuxième facteur, c’est à cause des résultats du bac du profil sciences expérimentales. Souvent les résultats sont catastrophiques. Les élèves et leurs parents préfèrent désormais les profils où il y a plus d’admis et ça c’est les sciences sociales et les sciences mathématiques. En réalité, on a formé beaucoup de sociologues et juristes, alors que la vocation de notre pays, c’est un pays à vocation industrielle et agropastorale.
Interview réalisée par Ibrahima Soya