Alors que les mutilations génitales féminines continuent de faire des ravages en Guinée, Dr Malick Camara, médecin généraliste au centre de santé « La vie pour tous », tire la sonnette d’alarme.
Dans cet entretien exclusif, il expose les dangers irréversibles de cette pratique ancestrale et plaide pour une éradication urgente afin de protéger l’intégrité des femmes.
lecourrierdeconakry.com : Bonjour Dr Malick Camara, merci de nous accorder cet entretien. Nous constatons que les mutilations génitales féminines (MGF), en particulier l’excision, sont toujours très pratiquées en Guinée, surtout pendant les grandes vacances. Quels sont les dangers associés à cette pratique ?
Dr Malick Camara : Bonjour et merci de m’avoir invité. Effectivement, l’excision, qui consiste en l’ablation partielle ou totale du clitoris, est une pratique encore courante en Guinée, malgré son interdiction légale. Les dangers sont nombreux. Lorsqu’elle est mal réalisée, elle peut entraîner des saignements sévères, ce qui peut provoquer une hémorragie mortelle chez la fille. De plus, des infections graves peuvent se développer et persister tout au long de sa vie. Une autre conséquence grave est la perte de la sensibilité sexuelle, car certaines exciseuses retirent entièrement le clitoris, ce qui peut rendre les rapports sexuels douloureux et altérer le désir sexuel.
lecourrierdeconakry.com : Vous semblez dire que l’excision n’a aucun avantage. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous pensez qu’elle ne devrait pas avoir de place dans notre société ?
Dr Malick Camara : L’excision porte atteinte à l’intégrité physique de la femme et constitue une menace pour sa santé, tant sur le plan physique que psychologique. Cette pratique n’a pas sa place dans notre société moderne. Elle est souvent perçue comme un moyen de contrôler le désir sexuel des femmes, mais il n’y a aucune justification médicale pour cela. Les filles qui ne sont pas excisées ne souffrent d’aucun problème particulier. L’excision n’apporte aucun bénéfice, au contraire, elle peut causer des dommages irréparables.
lecourrierdeconakry.com : En Guinée, la loi interdit les mutilations génitales féminines, mais cette interdiction semble rarement appliquée. Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Dr Malick Camara : En effet, le code guinéen interdit formellement l’excision, et toute personne qui la pratique devrait être tenue responsable de ses actes. Cependant, comme vous l’avez mentionné, cette loi est rarement appliquée, car la pratique est profondément enracinée dans nos traditions. Nos parents continuent souvent à la pratiquer en cachette, surtout dans les villages où les exciseuses n’ont pas une connaissance suffisante de l’anatomie féminine. Celles qui pratiquent l’excision dans des milieux hospitaliers sont en mesure de prévenir certains dangers, mais cela ne justifie en rien la pratique.
lecourrierdeconakry.com : Selon vous, quel est l’avenir de cette pratique en Guinée ?
Dr Malick Camara : Il est crucial de continuer à sensibiliser les populations sur les dangers de l’excision et de faire appliquer la loi de manière stricte. Il est également important de travailler sur l’éducation des jeunes générations pour qu’elles comprennent les risques et les implications de cette pratique. Je suis convaincu que, avec le temps et grâce à une sensibilisation continue, nous pourrons réduire considérablement la prévalence de cette pratique en Guinée. Mais cela nécessitera des efforts concertés de la part des autorités, des communautés et des professionnels de santé.
lecourrierdeconakry.com : Merci pour ces éclaircissements, Dr Camara. Un dernier mot pour conclure ?
Dr Malick Camara : Merci à vous. Mon dernier mot serait de rappeler que l’intégrité physique et psychologique des femmes doit être protégée à tout prix. L’excision n’a pas sa place dans notre société et nous devons tous œuvrer pour son éradication.
lecourrierdeconakry.com : Merci, Dr Malick Camara, pour cet échange.
Interview réalisée par Ibrahima Foulamory Bah pour lecourrierdeconakry.com
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