Dans le code civil guinéen, il est formellement interdit de donner en mariage une fille avant ses 18 ans. Tout mariage célébré entre deux conjoints dont l’un ou l’autre n’a pas atteint cet âge est considéré comme un mariage d’enfant ou précoce voir forcé.

A côté de la tradition et à la religion, dans la perception de beaucoup de parents, donner une fille très tôt en mariage est une manière d’éviter à la fille de faire des bêtises, faire des enfants hors-mariage qui va déshonorer la famille vis-à-vis des voisins.

De l’autre côté, le constat révèle que ce type mariage est lié à la pauvreté des parents qui donnent leur enfant à un Monsieur qui se présente avec les moyens sans se soucier de l’avenir de l’enfant. Cela se passe souvent sans le consentement de la jeune fille qui est obligée d’obéir aux ordres.

Pourtant malgré les contraintes et le travail des activistes sur le terrain, le mariage précoce voir forcé est encore célébré à Conakry et à l’intérieur du pays. Mais pourquoi ce phénomène persiste toujours en dépit de ses conséquences néfastes qui favorisent la déscolarisation de la jeune fille et son épanouissement ?

Bah Tiguidanké membre de l’Association Africaine de la Communication (APAC) témoigne de la pression des parents qu’elle a subi avant de se marier.

Elle a lutté contre la pression familiale à 18 et garde encore les mauvais souvenir des propos qu’on lui tenait.

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« Tu es vieille, parce que tu n’es pas mariée à 18 ans. Si tu connais les conséquences de ça tu peux tenir tête de toute la façon tu penses à toi avant de penser à autrui » raconte Tiguidanké Bah.  Aujourd’hui, mariée et mère de plusieurs enfants elle est fière de son diplôme mais garde encore les mauvais souvenirs de l’avant mariage.

Pour Tiguidanké Bah, l’éducation reste la clé pour mettre fin au mariage précoce ou forcé. Les parents non lettrés ne connaissent pas les conséquences sur du mariage précoce.

Kadiatou Konaté, Présidente du Club des Jeunes Filles Leaders de Guinée reste malgré tout optimiste dans la lutte contre cette pratique qui selon elle tend vers la baisse.

« Il faut signaler que le mariage d’enfant tant vers la baisse. On était à un pourcentage en 1992 à 76% d’après les dernières études en 2018, on est  à 46% graduellement on est à la baisse. On le remarque pendant les vacances, des filles sont obligées de contracter les mariages qu’elles ne souhaitent pas vu qu’elles n’ont pas l’âge. Chez nous on dit mariage d’enfant parce que tout mariage à travers lequel, la fille n’a pas ses 18 ans, non seulement est forcé mais elle n’a pas la latitude de dire oui ou non. Elle n’est pas capable à prendre de grandes décisions sur sa vie future », dit-elle avant de parler des conséquences.

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Le mariage d’enfance est l’une des causes de la déscolarisation de la jeune fille, le renforcement du système patriarcal.

Avec le club des jeunes filles, Kadiatou Konaté a pu annuler plusieurs mariages.

« Labé est la région où le taux du mariage précoce est plus élevé avec un taux de 76%, à Conakry il est actuellement à 36%… Quand nous interpellons certains, souvent il y a des parents qui nous disent qu’ils ne savent pas que c’est interdit. Je pense qu’il faut continuer à sensibiliser les parents pour maintenir les filles à l’école. Il faut vulgariser davantage les textes de lois et veiller à leur strict application », a suggéré mademoiselle Konaté.

Par ailleurs à l’instar de la législation, le secrétariat général des affaires religieuses condamne ce phénomène et interdit aux imams de célébrer les mariages précoces dans les mosquées.

Il faut rappeler que la lutte des activistes commence à porter fruits avec l’annulation de mariage et des cas de poursuite judiciaire.

Monia Briggs

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