Dans un entretien accordé à nos confrères de mediaguinee.org, Monique Curtis membre de la Commission Technique qui accompagne le Comité de Pilotage des Assises Nationales, a apporté un éclairage sur les actions entreprises et les résultats obtenus à ce jour dans la mise en œuvre des recommandations des assises Nationales.

Les Assises Nationales : un chantier ambitieux en marche

Dans cet entretien, Monique Curtis a avant tout d’abord dressé un tableau précis des avancées depuis la remise du rapport des Assises en août 2022.

« Nous avons entamé la vulgarisation des 45 recommandations à travers tout le pays, » explique-t-elle avec clarté. Ce travail de sensibilisation a permis à des milliers de guinéens de s’approprier les grandes lignes de ce rapport historique.

Et la véritable transformation ne s’arrête pas aux mots. Sur le terrain, des actions concrètes sont en cours. L’une des réalisations phares est la restitution des titres fonciers aux victimes des déguerpissements de Kaporo-Rails, Kipé 2, et Dimesse. Ces événements, survenus en 1998 et 2019, avaient laissé des cicatrices profondes dans ces communautés. « Restituer ces terres, c’est réparer une injustice historique et restaurer la dignité de ces familles, » confie Curtis, visiblement émue par l’importance de cette démarche.

Justice pour les victimes : un combat symbolique

Parmi les grandes étapes du processus, l’adoption d’une loi sur la protection des victimes et témoins est également à saluer. Elle renforce l’accès à la justice pour ceux qui ont subi des violences, notamment lors des événements tragiques du 28 septembre 2009. Monique Curtis souligne que ces avancées sont des signes clairs de l’engagement du gouvernement guinéen à tourner la page des injustices passées.

« Le procès des événements du 28 septembre a marqué une étape cruciale pour le pays, » précise-t-elle. « Il s’agit de faire la lumière sur ces atrocités et d’assurer que de tels drames ne se reproduisent plus. »

Une mission de facilitateur, pas de juge

En réponse aux critiques évoquant des actions en justice liées à certains dossiers, Monique Curtis tient à clarifier un point essentiel : « Le comité national des Assises n’est pas la justice, et notre rôle n’est pas de juger. »

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Elle insiste sur le fait que le Comité Technique, dont elle est membre, agit comme un facilitateur, veillant à ce que les recommandations soient mises en œuvre dans le respect des procédures légales.

« Notre mission est discrète mais essentielle : accompagner la réconciliation, pas prononcer des verdicts, » explique-t-elle avec assurance.

Un soutien sans faille des autorités

Dans cet entretien, Monique Curtis ne manque pas de souligner l’engagement du Président de la République, le Général Mamadi Doumbouya, dans ce processus.

« Lors de la remise du rapport final des Assises, le Président de la République, le Général de Corps d’armée Mamadi Doumbouya a pris un engagement solennel pour veiller à la mise en œuvre de chacune des 45 recommandations. Aujourd’hui, les avancées que nous constatons, comme la restitution des titres fonciers et la protection des victimes, en sont la preuve. »

Cependant, cet engagement présidentiel est soutenu par l’ensemble des autorités, dont le Premier ministre Amadou Oury Bah, qui a lui-même fait partie du Comité National des Assises. Selon Curtis, cet appui est indispensable pour assurer la continuité et le succès de ce projet de réconciliation nationale.

Un travail de mémoire en préparation

Mais la réconciliation en Guinée ne se limite pas seulement aux actions immédiates. Monique Curtis a dévoilé dans cet entretien un aspect moins connu du processus : la réécriture de l’histoire nationale. Selon elle, un groupe de travail, en collaboration avec l’UNESCO, a été mis en place pour superviser ce chantier. « Nous allons au-delà des passions politiques pour offrir aux générations futures une histoire juste et objective de la Guinée, » précise-t-elle.

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Sous la tutelle du ministère de l’Enseignement Supérieur, cette initiative souligne-t-elle, vise à déclassifier certaines archives et à rédiger une nouvelle version de l’histoire nationale, loin des tensions et manipulations du passé.

Les médias, maillon essentiel de la réconciliation

Pour clôturer l’interview, Monique Curtis lance un appel clair aux médias : « Votre rôle est crucial. Il vous appartient de faire connaître au grand public les avancées et les défis du processus de réconciliation. Il est important que les guinéens comprennent ce qui a été accompli et ce qui reste à faire. »

Elle voit les journalistes comme des acteurs clés de cette réconciliation. « Éclairer les citoyens, c’est les engager dans ce processus qui nous concerne tous. »

Un chemin encore long, mais prometteur

Avant de clôturer l’entretien, Monique Curtis reste lucide : « La réconciliation est un processus long, parfois invisible, comme une horloge silencieuse. Mais chaque seconde compte. » Pour elle, les progrès sont tangibles, mais le chemin reste semé d’embûches. « Nous avançons, pas à pas, avec la conviction que cette réconciliation est la clé d’une Guinée unie et en paix. »

Il convient de noter que, l’impression laissée par Monique Curtis est celle d’une femme déterminée, à l’image de tous ceux qui travaillent dans l’ombre pour la paix en Guinée.

Ibrahima Foulamory Bah

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