Lutte contre la mal gouvernance en Guinée

La Plateforme Nationale des Citoyens Unis pour le Développement (PCUD) a lancé  un mouvement citoyen dénommé ‘’STOP Malgouv’’. Pour les initiateurs, depuis vingt ans la corruption et l’impunité minent la Guinée et appauvrissent les populations. M. Abdourahamane Sano, président de cette plateforme répond aux questions de notre reporter et tente d’expliquer les dessous de la campagne sur la lutte contre ces fléaux qui ont longtemps gangréné l’économie de notre pays. Lisez !

Lecourrierdeconakry.com : Parlez-nous du Mouvement ‘’Stop MalGouv’’ que vous avez eu l’initiative de créer ?

Abourahamane Sano : Le mouvement ‘’STOP MalGouvGN’’ est une initiative qui s’inscrit dans le cadre du programme de la bonne gouvernance de la PCUD en relation avec le réseau des Cellules de veille citoyenne (CVC) qu’on retrouve dans toutes les préfectures. L’initiative vise à donner assez de visibilité à tous les maux qui minent notre société. Ce n’est pas que la gabegie, l’injustice, la corruption, mais c’est aussi la division ou l’instrumentalisation de nos différentes communautés, c’est-à-dire la division communautaire. C’est aussi le mensonge d’Etat, le déficit de confiance entre les gouvernants et les gouvernés. Ce sont donc ces maux qui minent aujourd’hui notre société et l’exposent à des risques de déflagrations qui sont inscrits dans le cadre de cette campagne. Cette campagne vise à sensibiliser les citoyens, parce que tout le monde à une raison aujourd’hui de dire stop. D’un côté, il y a la flambée des prix et de l’autre, il y a le chômage, la pauvreté et la crise financière qui frappe le pays, sans oublier le ralentissement des activités économiques. Ce sont donc toutes ces questions-là qui fragilisent les ménages. Nous voulons susciter une mobilisation au sein des citoyens autour de ces questions pour qu’on puisse exercer les pressions nécessaires sur les gouvernants en vue d’un véritable changement et d’une bonne gouvernance dans notre pays. Et il faudrait que les gouvernants prennent en compte tous ces maux au bénéfice de nos populations. Car la gouvernance qui se fait aujourd’hui ne semble pas être consciente des maux qui minent notre société.

Espérez-vous obtenir un résultat satisfaisant dans le temps ?

Malheureusement, il se trouve que la corruption est encore au cœur du système de gouvernance, c’est-à-dire que c’est le même système qui continue depuis quelque décennie maintenant. Et il faut nécessairement créer les conditions d’une inversion de ce système. Parce qu’il faut que ça s’arrête et que la Guinée commence à travailler. Cependant, nous comptons nous battre pour que la corruption et les autres fléaux ainsi que leurs conséquences sur la population, à défaut d’être arrêté, puissent limiter leurs impacts sur la population et que cette limitation permette maintenant de mettre la Guinée sur le chemin de développement.

Quelles sont les stratégies que vous comptez mettre en place pour atteindre votre objectif ?

Nous ne pouvons pas vous dire notre stratégie. Nous ne pouvons pas nous mettre à la place publique mais nous sommes déterminés à faire de sorte que le système ne puisse pas continuer. Cela est une détermination de la société civile guinéenne pour que le système qui est en train de broyer aujourd’hui les citoyens soit arrêté parce qu’il ne profite qu’à une infime minorité. Et cette détermination est totale à notre niveau.

Quels sont vos moyens pour mener à bien ce projet ?

Si nous sommes soutenus par les citoyens, nous allons exercer les pressions nécessaires pour faire bouger les choses. Nous nous inscrivons dans la détermination, l’efficacité et la cohérence pour aller vers les citoyens, leur faire comprendre ce qui se passe dans le pays et les amener surtout à comprendre que ce n’est pas quelqu’un d’autre qui viendra régler leur problème à leur place mais c’est nous-mêmes qui devons-nous mobiliser pour le régler. Et aujourd’hui plus que jamais, on n’a besoin de la mobilisation des citoyens, de la prise de conscience, de l’éveil de la conscience citoyenne. C’est cela que nous sommes en train d’amorcer pour que cela s’arrête dans notre pays, puisque ça ne peut pas continuer.

Un dernier mot ?

Nous demandons à tous les citoyens de s’impliquer dans cette lutte, de souscrire au mouvement, de s’inscrire et de se préparer à militer pour que la machine de la corruption, du mépris, de l’injustice et de l’impunité soit en marche. Car ces maux ont créés des sillons d’inégalités, le chômage, les difficultés économiques et l’appauvrissement des populations. Il faut que nous puissions arrêter cette machine. C’est nous qui pouvons l’arrêter. C’est nous qui devons l’arrêter et ce n’est quelqu’un d’autre qui viendra le faire à notre place.

Interview réalisée par  Nantènin Traoré