L’actualité brulante de la semaine reste dominée par le voyage du président de la transition Colonel Mamadi Doumbouya aux Etats-Unis d’Amérique pour prendre part à la 78ème session ordinaire de l’assemblée générale des Nations-Unis. Ce voyage est diversement apprécié par les guinéens.
Au micro de notre reporter, le Vice-président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) et président du Parti pour la Défense Nationale et le Développement (PDN), Sory Camara, a donné son avis sur ce déplacement de Doumbouya et sur d’autres questions importantes notamment l’augmentation du budget de la présidence. Lisez !
Qu’en pensez-vous du voyage du président de transition Colonel Mamadi Doumbouya aux USA pour assister à l’assemblée générale des ONU ?
Le fait que le président se déplace pour les États-Unis prouve qu’il y a beaucoup d’avancer au niveau de la transition. Il faut oser le dire. C’est un devoir citoyen de soutenir cette transition. Cependant, il y a un élément primordial sur lequel j’insiste, c’est le retour à l’ordre constitutionnel. Si le président Mamadi Doumbouya est invité aux Nations-unis, étant donné qu’on est dans une période d’exception, là, il faut tirer le chapeau. Il faut se dire que les lignes sont en train de bouger. Dans la globalité, son départ suscite un grand engouement.
Selon vous, quel discours le Colonel va tenir aux Nations-unis ?
J’ai hâte de voir quel discours, le président va tenir par rapport à tous ces enjeux qui se passent sur l’arène politique dans notre pays. Je pense qu’il aura à décrire sa politique interne. Les acquis du CNRD et les attentes. Ce n’est pas facile en période de transition, le peu qui est fait,c’est de ça il va parler.
Dans la loi des finances rectificatives 2023, le budget de la présidence a été augmenté de plus de 40%. Qu’est-ce que cela vous inspire ?
C’est une question que tout bon guinéen doit se poser. Comment le budget de la présidence peut passer de 621,423 milliards gnf à 864, 938 milliards ? Je ne dis pas que c’est bien ou mal mais j’ai besoin d’explication.
Il ne faut pas oublier qu’avant la chute d’Alpha Condé, ils (les députés) ont doublé le budget de la présidence. Est-ce que ce n’est pas le même scénario pour inciter les guinéens à se rebeller contre la junte. C’est de l’utopie qu’on passe de tel budget à tel budget. Ce n’est pas encourageant, je ne vais pas dire que c’est irréfléchi mais on est parti du mauvais pied avec ce budget.
Je préférais qu’on réduise le budget à 600 milles milliards. Car, beaucoup de guinéens soufrent. C’est vrai, il y a des avancées sur beaucoup de secteurs mais il faut savoir que le bon guinéen se cherche. Il sort du matin au soir, il n’a pas quoi manger, il n’a pas quoi à payer la scolarité de son enfant, surtout en cette période d’ouverture des classes. Les fonctionnaires sont en train de s’endetter un peu partout, les salaires sont dérisoires. Qu’est-ce que le président va faire avec un budget de 864, 938 milliards gnf. Mais qu’on arrête d’amener notre président à la dérive.
Après deux ans de transition, l’élaboration de la Constitution traine encore. Quel est votre avis sur cette question cruciale pour le retour à l’ordre constitutionnel ?
Le débat est posé au niveau CNT. Seulement, on n’a pas une grande visibilité. On vient de mettre en place l’ANC. Nous attendons notre intégration officielle au niveau du cadre de dialogue inter-guinéen. Si je dois donner mon avis, je dirais que la constitution de 2010 est l’une des meilleures. Il y a beaucoup de pays de la sous-région qui se sont inspirés de cette constitution.
En tant que leader politique qu’est-ce que vous proposez ?
Ce qu’il fallait faire, c’était de renforcer certains articles et renforcer les intangibilités au tour du nombre et du délai de mandat. Pour respecter, le délai de 24 mois, on peut s’appesantir sur la constitution 2010. Renforcer les intangibilités et la soumettre au referendum maintenant.
Etes-vous favorable à une candidature indépendante pour les élections présidentielles ?
Les gens aiment le dire candidature indépendante pour les élections présidentielles. Les contextes dans les pays ne sont pas pareils. La jeunesse guinéenne se cherche. Les gens veulent finir avec l’ancienne classe politique mais il faut s’avoir qu’il y a des jeunes plus nocifs que les anciens. Dire qu’il faut une candidature indépendante pour une élection présidentielle, je pense que l’idée est trop prématurée.
Propos recueillis par Ibrahima Soya