La promptitude à croire le mal sans l’avoir assez examiné est un effet de l’orgueil et de la paresse. On veut trouver des coupables ; et on ne veut pas se donner la peine d’examiner les crimes. Malheureusement c’est ce qui semble caractériser les manœuvres du Procureur spécial de la CRIEF dans le dossier Kassory et Cie. Depuis maintenant 6 mois, Dr. Kassory Fofana, Dr. Mohamed Diané, Oyé Guilavogui et autres sont séquestrés sans aucun motif valable. On a l’impression que le procureur, Ali Touré juge Kassory et Cie soit par la vogue qu’ils ont ou par leur fortune. Certainement ils font peur au procureur et à ses commanditaires, c’est ce qui fait dire à de nombreux observateurs que cette CRIEF est politique, elle est dubitative quant au traitement des crimes économiques. A date le procureur est dans l’incapacité de fournir la plus petite preuve de ce qu’on leur reproche. Tantôt on parle de bateau de pêche, de parc automobile etc. Rien n’est certain dans ces déclarations ce qui fait planer le doute sur les agissements de la CRIEF. On juge selon ce qu’on voit, on voit ce qu’on regarde ; on regarde ce qu’on veut ; donc on juge selon ce qu’on veut. Ali Touré est seul accusateur dans cette cour, on se demande sur quoi il fonde sa conviction.
Ce qui retient l’attention de l’opinion nationale et internationale, c’est le traitement réservé à ces hauts cadres de l’Etat que l’on traite aujourd’hui comme de vulgaires personnes. Pourtant Dr. Kassory Fofana a été Premier ministre, Dr. Diané, Ministre d’Etat tout comme Oyé Guilavogui, Damaro Camara président de la 9ème législature. Ce sont des hautes personnalités qui ont besoin d’un certain égard dans leur traitement. Mais c’est à dessein que la CRIEF agit, il faut les humilier, les torturer moralement et physiquement pour tuer en eux toute velléité du pouvoir. La loi est la loi mais, elle doit préserver son côté humain pour traiter les hommes avec un certain humanisme. Priver les gens de leur liberté alors qu’ils peuvent bénéficier de circonstances atténuantes tel que le contrôle judiciaire est cruel.
Cette méthode de la CRIEF jette le doute sur son indépendance. Elle donne l’impression de recevoir des instructions d’un niveau supérieur, pour orienter les prises de décisions de son procureur spécial. On parle des cas de maladie de ces détenus politiques, Ali Touré va-t-il continuer à les garder dans cette détention pour avoir un autre cas de décès sur sa conscience ? On se rappelle encore du cas Lounceny Camara, paix à son âme, il demeurerait aux yeux du peuple de Guinée le seul responsable de cette mort, pour s’être obstinément opposé aux multiples demandes de sa famille et de son médecin traitant. Ali Touré doit libérer Dr. Kassory Fofana et Cie ou diligenter leur procès pour qu’ils sachent ce qu’on leur reproche et ce qu’ils doivent payer. Mais indéfiniment détenus à la maison centrale ne fera que renforcer la sympathie des guinéens pour ces hauts cadres qui ont incarné pendant longtemps une partie de la souveraineté nationale.
La justice guinéenne a peu d’égard pour les grands hommes de ce pays. Que dire aujourd’hui de l’incarcération du Capitaine Moussa Dadis Camara, qui a été chef de l’Etat, il mérite absolument un traitement dû à son rang d’ancien président quel que soit ce qu’on lui reproche. Il faut que de telles pratiques cessent dans le pays, que les hautes personnalités soient traitées avec déférence et non avec haine ou esprit de vengeance. L’art de savoir bien mettre en œuvre de médiocres qualités dérobe l’estime, et donne souvent plus de réputation que le véritable mérite. Tout est affaire de point de vue, et le malheur n’est souvent que le signe d’une fausse interprétation de la vie.
Ali Touré doit savoir que : « Une fourmi noire dans la nuit noire, dans le creux d’un tronc noir, Dieu la voit et l’entend ».
MAM CAMPBELL JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE CONSULTANT EN COMMUNICATION
NB : Cet article n’engage pas la rédaction du Courrier de Conakry.