Il faut éviter de se jouer des leaders religieux car, ils sont l’ultime rempart pour la résolution de nos différends sociopolitiques. Sous d’autres cieux, notamment au Sénégal ou en RDC, les religieux jouissent d’une grande considération, d’une grande autorité et aussi d’une très grande crédibilité. Ce qui est loin d’être le cas en Guinée à cause de l’instrumentalisation de nos religieux à des fins politiques. Dès que c’est chaud on leur fait appel pour assurer le pompier ce qui du reste effrite leur crédibilité aux yeux de la grande majorité de la population.
Le peuple de Guinée est un peuple croyant qui accorde de l’intérêt aux confessions religieuses qu’elle soit musulmane ou chrétienne. Malgré leur bonne volonté d’apporter la paix à travers leur médiation, les religieux ont fait face à une intransigeance de la part de l’Etat, à son obstination de vouloir rejeter systématiquement les préalables annoncés par les forces vives. Ce dialogue n’est pas un problème d’individu mais celui de la nation. Dès fois pour sauver la paix et l’unité nationale, il faut abandonner la rigidité pour être en phase avec ses interlocuteurs. Se bomber la poitrine en s’adjugeant une certaine force, il faut savoir que toute force n’est qu’éphémère, elle finit toujours par devenir faible.
On peut comprendre l’embarras du premier ministre qui n’existe que par la volonté de celui à qui il doit rendre compte. Il ne dira rien, ne décidera rien en dehors de la volonté de celui qui l’a créé s’il faut le dire ainsi car il est esclave du décret qui l’a mis à ce poste. Les religieux quant à eux sont indépendants de toute contrainte vis-à-vis de l’autorité. Ils offrent leur service pour la restauration de la quiétude sociale et de la paix, ils sont tenus de dire la vérité et à l’autorité et aux forces vives. Au lieu de dire qu’il y a les lignes qui bougent, il fallait simplement dire la vérité pour avoir la paix de la conscience et la crédibilité des populations.
Aujourd’hui avec le retrait des forces vives du dialogue, il faut savoir que plus jamais elles ne se laisseront leurrer par les religieux qui à leurs yeux ont une crédibilité fortement entamée. Plusieurs fois les religieux ont eu un ascendant sur toutes les crises en Guinée, cela à cause du respect et de la bonne volonté des organisateurs à ne vouloir rien que de la paix. Mais aujourd’hui on comprend aisément, qu’à chaque recours aux religieux, on tourne en bourrique les populations. Le dialogue demandé doit être celui auquel participe toutes les composantes de la société, et non un dialogue taillé sur mesure avec des partis caisse de résonnance qui ne représentent même pas les 15% de l’électorat national. C’est justement contre cet égocentrisme étriqué qu’il faut lutter, pour extirper les opportunistes et les profiteurs de situations conflictuelles.
Le CNRD doit comprendre que le peuple est souverain et l’Etat n’est puissance publique que par la volonté de ce peuple. Aucune force exceptée celle de Dieu ne peut venir à bout d’une volonté populaire. Ni les canons encore moins les fusils ne peuvent venir à bout de la volonté d’un peuple engagé, déterminé à défendre sa légitimité et son droit. La loi est faite par les hommes et pour les hommes son extrapolation ou sa mauvaise application peut conduire à des dérives autoritaires nuisibles à la cohésion sociale. Avec la pauvreté qui étreint aujourd’hui les populations guinéennes, il fallait par mesure de prudence accéder aux préalables des forces vives, cela pouvait atténuer l’effet négatif de la colère populaire.
Le CNRD doit savoir qu’il n’est plus en odeur de sainteté pour les populations guinéennes qui ne veulent plus de lui en témoigne l’engouement autour de ‘’MOFA SORY’’ considéré aujourd’hui comme l’homme virile. Le peuple le croit absolument à cause du désespoir qu’il vit avec la junte au pouvoir. Tout appel à manifester requerra l’adhésion massive de toutes les couches populaires dépitées, par les promesses non tenues et la manière peu orthodoxe de traiter les affaires de l’Etat. La Guinée appartient à tous les guinéens et non à quelques individus désireux d’assouvir leur dessein machiavélique. Trop d’autorité nuit à l’autorité elle-même.
Le départ des forces vives de cette médiation n’augure pas des lendemains heureux pour le peuple car, l’excès de frustration, de pauvreté et d’arbitraire est un explosif. C’est pour cela qu’il faut de la retenue, du bon sens et de la responsabilité dans la gestion d’une nation. Ahmed Sékou Touré a dit : « On peut tromper tout le peuple une partie du temps, une partie du peuple tout le temps mais jamais tout le peuple tout le temps ». Le masque est tombé, désormais le peuple de Guinée ne succombera plus au charme des mensonges et promesses fallacieuses de cette junte.

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MAM CAMPBELL ÉDITORIALISTE JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE CONSULTANT EN COMMUNICATION

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