Un regard rétrospectif sur l’histoire de la Guinée offre des similitudes étranges dans l’appréhension des faits et des réalités sociales.L’arrivée du Jeune Colonel Mamadi Doumbouya au pouvoir par la bénédiction d’un Putsch est un évènement hautement impropable dans un pays comme le nôtre qui se veut l’héritier du rationalisme politique. Or ce type sournois de populisme qu’incarne le colonel et sa bande est plus insidieux qu’autrefois. On se souvient que le 28 septembre 1958 face à la cruauté du joug colonial, les guinéens ont massivement voté pour le non, ce qui mettait un terme définitif à son adhésion au projet de communauté franco- africaine. La joie immense et l’allégresse totale ont caractérisé cette période des indépendances, le peuple de Guinée a été une fierté continentale, son courage fut salué au-delà même du continent.
Au fil des années, des voix et des attitudes discordantes sont venues troubler le cours normal de l’évolution du pays à travers, des complots ourdis de l’intérieur comme de l’extérieur. Nombreux guinéens ont vendu leur âme à l’occident agissant et intégrant toutes les formes de conspiration jusqu’à l’agression militaire. Le régime d’alors a été traité de tous les noms et le chef de l’Etat de dictateur, de sanguinaire. L’accession à l’indépendance n’était plus une nécessité, beaucoup regrettait le non historique du 28 septembre 1958 et rêvait d’un retour du colonisateur. Etre soi-même a été considéré par certains comme un facteur de retard pour le pays. Tout a été mis en œuvre pour discréditer et décrédibiliser Sékou Touré et son régime qui ne vacilleront jamais. Seule la mort aura raison de lui dans son intrépidité combattive.
Le 26 mars 1984, le timonier a tiré sa révérence et des militaires sous l’égide de Lansana Conté, réussiront à renverser le pouvoir sous le regard indigné de nombreux militantes et militants du PDG RDA. Ces souvenirs sont encore vivaces chez les témoins de cet événement. Ces militaires ont été qualifiés de libérateurs et certains intellectuels ont renié le 2 octobre 1958, ils ont affirmé que l’indépendance c’est le 3 avril 1984. On foulait ainsi au sol le combat de cette génération d’hommes politiques qui ont osé braver les canons pour arracher la souveraineté nationale.
En 2008 après la mort de Lansana Conté, un autre groupe de militaires à sa tête, le capitaine Moussa Dadis Camara s’accapara du pouvoir prétextant qu’il était dans la rue. Encore ces autres furent également acclamés choyés et chouchoutés par la population. Cette joie ne sera que de courte durée car, ces nouveaux hommes forts du pays manquaient d’expérience et de compétence dans la gestion des affaires de l’Etat. L’arrogance, les excès, la dérive autoritaire ont fini par les rendre exécrables aux yeux des populations, qui ont compris avoir tendu la main au diable.
Dans toutes les mosquées, dans toutes les églises du pays, les fervents croyants ont invoqué l’omniscient et l’omnipotent d’offrir au pays un bon chef qui prendrait en compte leur souffrance. L’issue de ces multiples invocations a été la venue du Pr. Alpha Condé. L’espoir était grand et permis de voir le pays sortir de l’ornière. Malheureusement, le démon de l’ingratitude a aiguillonné les mauvais esprits, des adversités même des animosités ont été orchestrées durant une décennie. Et au finish, le groupe des forces spéciales renversa le Pr. Alpha Condé mettant un terme à l’espoir et à l’espérance de tout un peuple, le 5 septembre 2021.
Curieusement, le même terme de libérateur a été attribué au colonel Mamadi Doumbouya et ses collaborateurs. Des gens ont dansé, chanté pour cette prise du pouvoir par l’armée, certains disaient même que cela n’avait que trop duré. Moins d’un an, ceux qui s’extasiaient le 5 septembre 2021 réalisèrent leur bêtise, celle d’avoir acclamé et soutenu ces militaires. Etourdis et confus, ils se demandent désormais à quel saint se vouer. Le libérateur est devenu subitement le dictateur et l’assassin. On se demande réellement si ce peuple n’est pas sous le coup d’une malédiction divine résultant de l’ingratitude avérée contre les différents chefs qui se sont succédés.
Aujourd’hui tous sont unanimes sur le non-respect des premières déclarations des nouvelles autorités. Et à l’allure où vont les choses, il n’y aura plus de force qui puisse se dresser face au CNRD car, le FNDC, les organisations de société civile et la classe politique sont émasculés. Des leaders en exil, des responsables séquestrés, une société civile divisée, médusée par cette tactique militaire et le FNDC supprimé, il n’existe plus une force en face du CNRD. Ce qui leur donne le plein pouvoir de bâillonner et de réduire au silence toute velléité de contestation, ce qui signifie assassinat de la démocratie et instauration de la dictature. Deux facteurs ont donné au Pr. Alpha Condé à l’internationale le crédit d’homme d’Etat et de véritable démocrate : le FNDC et Espace FM. Sans le savoir, ils ont donné la juste valeur de la gouvernance Alpha Condé, cet homme qui a subi dans la sérénité et la clairvoyance plus de 700 manifestations violentes et meurtrières.
Il faut que le guinéen sache se ressaisir et invoquer le pardon de ses anciens chefs qui se sont battus pour assurer le bien-être de ce peuple. L’ingratitude ne paie pas au contraire, il fait déferler la malédiction divine. Vous avez demandé un bon chef, il vous a été offert par la providence, vous le renier, vous le combattez alors, Dieu vous a offert un autre qui vous fera regretter toute votre ingratitude.
Sûrement, le peuple de Guinée est sous le coup d’une malédiction divine dont il faut absolument se soustraire à travers un repentir.
MAM CAMPBELL JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE CONSULTANT EN COMMUNICATION
NB : cet article n’engage pas lecourrierdeconakry.com