Au lendemain du coup de force du 5 septembre 2021, nombreux étaient ceux de vos compatriotes qui considéraient votre acte comme salvateur et l’encensèrent dès lors que votre objectif affiché était de débarrasser le pays de l’autoritarisme par lequel s’était particulièrement illustré le régime déchu.

Comme pour résonner en écho avec cette affirmation de l’opposant togolais Nathaniel Olympio: « Il est parfois des coups d’État militaires que l’on célèbre, non pas parce qu’ils ouvrent les portes d’un avenir meilleur, mais parce qu’ils ferment celles d’un quotidien de souffrance », ce fut l’euphorie quasi-généralisée.

Au cœur de l’opération séduction que vous avez déployée , se trouvait votre profession de foi allant exactement dans le sens des revendications du FNDC dans sa dimension civile et politique à savoir l’éradication des fléaux dont notamment l’injustice, l’arbitraire, les assassinats ciblés, l’instrumentalisation de l’ethnie à des fins politiques, la corruption, l’enrichissement illicite, la personnalisation du pouvoir et la confiscation des libertés individuelles et collectives.

Cette profession de foi avait suscité un immense espoir chez bon nombre de Guinéens en particulier ceux victimes des violences d’État auxquels vous souhaitiez mettre un terme.

Si l’on procède au bilan de la gouvernance politique et économique sous votre magistère , l’on peut affirmer, sans risque de se tromper, que vous êtes dans la mauvaise direction et que votre boussole a définitivement perdu le nord.

A la suite de votre parricide, comme pour perpétuer l’héritage de votre ancien mentor et père spirituel, vous avez choisi, à votre tour, d’être l’otage de quelques thuriféraires, prétendus amis ou conseillers circonstanciels, officiels et officieux, agissant par pur opportunisme et sifflant dans vos oreilles que vous êtes le messie et l’homme présidentiel. Certains allant jusqu’à vous assimiler à un prophète en treillis. Rien que ça.

Pourtant, le cimetière est rempli de personnes incontournables comme dit l’adage.

Obnubilé par le pouvoir, vous avez renié vos propres engagements et trahi toute idée de refondation si tant est que vous y aviez cru un instant, mettant en avant la politique politicienne.

Désormais, vos mains sont visibles partout et tout ce qui concourt à votre maintien au pouvoir est accueilli des mains et des pieds au petit palais où sont reçus quotidiennement petits et grands suppôts et autres businessmen de la crise vous prêtant allégeance et criant à tue-tête que vous êtes beau, fort, l’homme providentiel, l’homme de la situation, l’élu du peuple, j’en passe et des merveilles

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Diantre mon Colonel ! le procès du massacre du 28 septembre en cours ne vous apprend-t-il rien ?

Le gangstérisme politique, la violence, l’impunité, l’arbitraire, la justice vindicative et expéditive, l’arrogance et le mépris sont devenus des moyens de conservation d’un pouvoir que vous savez extrêmement fragile.
Votre responsabilité devant l’histoire est engagée devant le quoi qu’il en coûte dans lequel vous semblez vouloir entraîner notre pays pour satisfaire un petit clan d’individus véreux qui seront les premiers à vous jeter en pâture aux vautours.

Monsieur le Président, si vous évaluez objectivement la situation de notre pays telle qu’elle se présente et pas telle que fantasmée ou idéalisée , vous vous rendriez compte que sont bien présents les germes de la division, de la manipulation ethnique, de l’exclusion, de l’injustice, de l’arbitraire et de la discrimination vis-à-vis de certains concitoyens.
Lesquels germes ont conduit d’autres peuples à la violence et à l’autodestruction.

Alors que la plupart des Guinéens continuent de tirer le diable par la queue, vos agissements fragilisent davantage la paix et la quiétude sociale sans aucun égard à nos religieux et sages tournés en ridicule.

Monsieur le président, la justice en votre temps est devenu plus que jamais la serpillière de l’exécutif.
C’est une justice aux ordres, la main noire de votre soif de pouvoir et de votre mégalomanie.

Le dialogue politique est biaisé, il y a une forte velléité de confiscation du pouvoir et d’exclusion d’autres Guinéens plus représentatifs du peuple de Guinée car regroupant plus de 95% de l’électorat de notre pays au regard des dernières élections nationales.

Monsieur le Président, si vous renforcez la conviction de la majorité des Guinéens qu’on ne peut accéder au pouvoir par les urnes en Guinée, vous ouvrez la boite de Pandore et engagez votre responsabilité devant l’histoire dans ce qui se dessine comme une descente aux enfers de notre pays.

Les opportunistes qui s’agitent aujourd’hui sont les mêmes qui étaient avec Dadis, Konaté et Alpha. Ils seront les premiers à quitter le navire quand tout vacillera et que se profilera le naufrage.

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Vous serez le seul comptable face au peuple de Guinée et vous ne pourriez pas dire que vous ne saviez pas.

Encore une fois, le procès des événements du 28 septembre doit vous inspirer. Les mêmes qui avaient juré loyauté, fidélité, protection et allégeance à Dadis, ce sont les mêmes qui cherchent aujourd’hui à le maintenir en prison.

D’autres soutiens comme le sieur Kéamou Bogola Haba, connu pour être cet opportuniste de président du « mouvement Dadis doit rester” en 2009, est devenu un acteur clef de votre gouvernance.

Après avoir fait le sal boulot pour Dadis, il se fait appeler désormais Coordinateur du mouvement pour le soutien et la réussite de la Transition. Lui comme beaucoup d’autres sont des démagogues qui s’enrichissent sur votre dos et ternissent votre image.

Est-ce là l’héritage que vous souhaitez laisser ? Est-ce de cette bien piètre manière que vous souhaitez que l’on se souvienne de vous ?

Beaucoup de vos ministres, directeurs et conseillers ne vous aiment pas…loin s’en faut.
Ils aiment les avantages matériels qu’ils tirent aujourd’hui de votre gouvernance. Ils s’enrichissent tous les jours, ils sont devenus arrogants et d’autres parmi eux sont en train de négocier leur prochaine destination comme ils le font actuellement d’ailleurs avec certains leaders qu’ils jugent proches du pouvoir.

Mon colonel, il faut organiser vite les élections et sortir par la grande porte. Il faut avoir le courage de siffler la fin de la récréation, d’arrêter la diversion et les manœuvres dilatoires.

Ce qui requiert de revenir aux fondamentaux d’une transition à savoir le retour rapide à l’ordre constitutionnel et l’organisation d’élections libres, crédibles et transparentes pour permettre aux Guinéens de choisir l’homme ou la femme consensuel (le) capable de conduire leurs destinées.

Il faut éviter à notre pays ces basculements inutiles, la situation actuelle est explosive.

En bon militaire, choisissez l’honneur et la patrie.

Autrement, les Guinéens retiendront votre passage à la tête de notre pays comme un tremblement de terre de magnitude 9 à l’échelle de Richter ne laissant que désolation et chaos.

À bon entendeur, salut !

SOULEYMANE SOUZA KONATE, MEMBRE DU CONSEIL POLITIQUE DE L’UFDG ET CONSEILLER CHARGÉ DE COMMUNICATION DE CELLOU DALEIN DIALLO.

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