Le débat politique est très animé depuis les conférences de presse du PM, Mamadi Youla et du président de la République. Le premier affirme être contre une baisse du prix du carburant et le Président  laisse planer le doute sur une révision constitutionnelle pour un troisième mandat.  Baisse du prix du carburant, troisième mandant et implication du fils Condé dans des affaires de corruption, le courrierdeconakry  tend son micro ce 20 mai au  président de la Plateforme nationale des Citoyens Unis pour le Développement, M. Abdourahmane Sano. Lisez !

Lecourrierdeconakry.com : Le président de la République, a dit lors de sa conférence de presse, que c’est le peuple qui décidera pour un troisième mandat. Cela est-il possible en Guinée ?

M. Abdourahamane Sano : Le peuple n’a pas à décider, la constitution est claire la dessus. On espère que le président de la République qui a déjà juré deux fois sur la constitution devant le peuple et le monde à respecter la constitution et à la faire respecter, respectera les conditions de la constitution, notamment l’article portant fixation du nombre et durée du mandat présidentiel.

Et si le peuple le réclamait ?

Le peuple ne le réclamera pas, parce que toute initiative allant dans ce sens va provoquer des problèmes dans le pays. Et nous organisation de la société civile nous nous opposerons à toute initiative allant dans ce sens.

Quelle analyse faites-vous de la déclaration du premier ministre Youla sur la baisse du prix du carburant ?

 Le gouvernement a signé un accord le 19 février dernier avec le syndicat et le patronat et la société civile a été témoin de cette signature dont elle a paraphé. L’Etat s’est engagé à une possible révision du prix du carburant au cas où  le prix du baril se maintiendrait en dessous de 57  dollars et dans les 90 jours qui suivaient la signature de l’accord. Donc notamment entre le 18 et 19 mai. On constate que  cet engagement n’est pas respecté. Et c’est dommage que le gouvernement ne respecte pas cet engagement. C’est d’autant plus dommage que beaucoup de voix  s’étaient levées à l’époque pour dire qu’il ne fallait pas faire confiance au gouvernement. Et aujourd’hui le gouvernement vient de confirmer qu’on ne devait pas avoir confiance en lui. Et cela est assez grave pour notre pays, parce que la baisse du prix du carburant est une demande sociale que tout le monde réclame. Si le gouvernement a des difficultés, il doit s’expliquer, dialoguer discuter, donc communiquer pour que les citoyens comprennent, mais prendre des engagements et dire après qu’il n’en a pris, c’est très préoccupant. Nous devons beaucoup nous préoccuper de cela, parce que ça pose un réel problème de gouvernance, mais aussi de mépris pour la population.

La parole donnée est un engagement. Le contrat fut-il verbal engage les parties à son respect conformément à notre tradition. Malheureusement, on voit que ceux qui nous gouvernent signent des papiers, puis oublient qu’ils ont un document. On se demande à quel Etat on n’a à faire. Et, je suis d’accord avec tous ceux qui pensent que la baisse du carburant devrait être concrétisée, parce que, le prix du baril est en dessous de 57 dollars. Je soutiens parfaitement ce qu’a dit le syndicaliste Mansaré, malheureusement il faut bien qu’on ne se leurre pas, on est le 20 aujourd’hui, donc les délais sont passé, ça n’a pas été respecté, et il faut bien qu’on en tire les conséquences.

Après l’épouse de feu président Conté cité dans l’affaire Panama Papers, le fils du président Alpha Condé est cité dans une affaire de corruption. Que dit la société civile sur ces sujets ?

C’est une révélation qui est faite dans l’un et l’autre cas, la justice ne s’est pas prononcée encore, donc il faut qu’on les considère comme étant des présumés innocents. En tout état de cause, on vient de dénoncer des pratiques qui sont monnaie courantes dans notre gouvernance. L’actuel président a hérité de ce système. Et au lieu d’inverser ce système combattu de tout le monde a eu à combattre, il lui a été donné  plutôt de l’ampleur,  il prend  de l’envergue et se modernise. Ce n’est pas rassurant que l’Etat à ce niveau de responsabilité puisse être éclaboussé par ce genre de problème d’affaire. Nous, la société civile nous nous organisons pour le suivi de ce dossier. Encore une fois, il faut se dire tant qu’ils ne sont pas jugé et condamnés par une justice, ils sont présumés innocents.

Un dernier mot ?

Nous demandons à tous les citoyens de se donner la main, se mobiliser pour soutenir la société civile pour que nous arrêtions d’être des spectateurs de ce qui arrive dans notre pays. Mais plutôt que nous soyons des acteurs pour aider ceux qui nous gouvernent à nous gouverner par la sagesse, le moral, la crédibilité, l’honneur, et non  par l’arrogance, le mépris, le détournement des maigres fonds qui devraient contribuer à améliorer les conditions de vie des populations.

Propos recueillis par Nantènin Traoré