Située dans le quartier Sandervalia à quelques mètres de la mer longeant vers les îles de Loos, la Maison des Jeunes de Kaloum est l’une des rares dans les 5 communes de la ville de Conakry dotée d’une bibliothèque équipée. Mais malgré son existence dans le centre-ville administratif, les habitants de ladite zone ne fréquentent presque pas la salle de lecture. Le moins qu’on puisse dire, la bibliothèque n’est pas le centre d’intérêt préféré des jeunes de Kaloum, a constaté un reporter du Courrier de Conakry.

Après plusieurs semaines d’enquête, le constat revêt qu’à part la coordinatrice de la bibliothèque, on ne trouve aucun lecteur. Pourtant cet espace est très bien équipé avec des livres de tous genres : Essais, Romains, livres d’enfants, livres de sciences et calculs. Ainsi que les œuvres littéraires enseignées dans le programme scolaire et universitaire du pays.

A défaut d’avoir les jeunes des quartiers de Kaloum, la coordinatrice de cette maison des jeunes est obligée de s’orienter vers les écoles primaires de ladite commune pour que les élèves puissent faire un tour après les cours.

Lors d’une de nos visites à cette maison des jeunes, on a trouvé quelques élèves de l’école Federico Mayor qui sont venus apprendre. Après eux plus rien !

A part ces élèves qui viennent de temps à autre, la bibliothèque est pratiquement sans lecteur. D’après le directeur général de la maison des jeunes, Henry Emmanuel Wright, à Kaloum les jeunes préfèrent aller jouer au football dans la rue que de venir apprendre. Il estime que malgré les sensibilisations et tous les efforts fournis, les gens ne prennent pas conscience de l’importance de cette bibliothèque de proximité.

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« La bioéthique était payante mais ce qui est difficile pour nous c’est d’avoir des lecteurs. La coordinatrice qui est là peut ouvrir la bibliothèque du matin au soir, les jeunes de Kaloum ne lisent pas. Il a fallu qu’on s’associe pour créer des activités de lecture. On convoque des écoles primaires pour organiser une compétition entre elles afin d’avoir des lecteurs à la bibliothèque, sinon comme ça ce n’est pas facile. On a même réduit les cartes d’abonnement de 10.000 gnf à 5.000. Même gratuitement, ce n’est pas facile, elle (la coordinatrice) cherche des enfants pour lire. Les parents n’encouragent pas leurs enfants pour venir lire à la bibliothèque », nous a confié le DG.

Par contre, Fatoumata Alawaly Sylla qui est une jeune étudiante de la commune de Kaloum soutient qu’elle fréquentait la bibliothèque mais finalement elle a arrêté puisqu’à chaque fois, elle trouve que la salle de lecture est fermée.

« Je suis ici à Kaloum. A l’époque je partais à la maison des jeunes de Sandervalia pour la bibliothèque. Mais depuis quelque temps, à chaque fois que je pars là-bas, je trouve que la bibliothèque est fermée et je ne trouve personne. En plus, lorsque je fréquentais la bibliothèque, je ne trouvais pas les documents que je voulais. C’est tout ce qui m’a découragé aujourd’hui. »

Concernant la fermeture momentanée de la bibliothèque, la coordinatrice, dame Baldé, qui est la seule à gérer cette salle de lecture nous apprend qu’à un moment donné, elle a fermé pour se faire soigner. Puisqu’elle n’avait pas d’assistant pour la remplacer en attendant son séjour médical.

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Mais depuis qu’elle a repris le travail, elle vient régulièrement au bureau et passe toute la journée sans voir un lecteur.

Elle profite de notre micro pour solliciter des assistants qui l’aideront à gérer et rendre plus attractif ce point de lecture. Dépourvu de tout appareil, la coordinatrice souhaite que l’Etat, l’aide à avoir des équipements nécessaires dont un ordinateur pour mieux assurer son travail de responsable de bibliothèque. Elle sollicite également la digitalisation de la salle avec des ordinateurs et tablettes qui vont inciter les jeunes à venir massivement.

Toutefois, il faut signaler que la majorité de ceux qui fréquentent la maison des jeunes de Kaloum sont motivés par les activités culturelles et artistiques. Ils sont très peu intéressés par la lecture ou la recherche. C’est le même constat au niveau du centre culturel franco guinéen, où la plupart des lecteurs viennent de la banlieue et non de Kaloum.

Selon l’écrivain et journaliste guinéen Facely 2 Mara, ‘’Pour cacher de l’argent à un jeune guinéen, c’est facile tu n’as pas besoin d’aller à la banque. Il suffit de mettre le billet d’argent entre les pages d’un livre, tu viendras retrouver ton argent’’. Malheureusement, cette assertion de cet homme de culture est une réalité à Kaloum.

Ibrahima Bah

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