La possible candidature du Général Mamadi Doumbouya à la présidence continue de provoquer des réactions divergentes dans la classe politique guinéenne. Son retour en Guinée le mercredi 11 septembre 2024, après une visite en Chine, a été marqué par un accueil populaire, mais cette scène alimente des débats sur l’avenir de la transition en cours.

À son retour, une foule considérable s’est mobilisée pour accueillir Mamadi Doumbouya, témoignant d’un soutien populaire important à Conakry. Cet accueil, interprété par certains comme une validation implicite de son éventuelle candidature, a néanmoins soulevé des préoccupations quant aux véritables intentions de la junte militaire en matière de retour à l’ordre constitutionnel.Lors de l’assemblée générale de l’UFDG, le samedi 14 septembre 2024, Cellou Dalein Diallo, en visioconférence, a exprimé une vive critique contre le Général Mamadi Doumbouya estimant que ce dernier a désormais affiché clairement sa volonté de « se cramponner au pouvoir », contrairement aux engagements de transition initialement pris.

Selon lui, la transition devait permettre un retour rapide à la démocratie, mais les récentes actions de Doumbouya, notamment son accueil populaire à Conakry, traduisent une ambition de prolonger son pouvoir. Il a également mis en garde contre les dangers que cela représente pour la stabilité du pays, soulignant que la Guinée risque de s’enliser dans une crise politique prolongée si la junte militaire ne respecte pas ses promesses de remettre le pouvoir à une autorité civile élue.
Pour El Hadj Cellou Dalein Diallo,  Mamadi Doumbouya veut se présenter et confisquer le pouvoir.
« Mamadi Doumbouya veut se présenter, il n’y a pas de doute. Donc la junte, on savait qu`ils ne veulent pas organiser les élections, nous l’avions noté et dénoncé à plusieurs reprises, nous avons même organisé des manifestations pour exiger l’organisation avant le 31 décembre 2024 des élections, dès le départ on a senti qu`il n`y avait aucune volonté de la part de cette junte qui tient à confisquer le pouvoir, peut être  définitivement. Le choix est devenu simple parce que les masques sont tombés, aujourd’hui ils veulent confisquer le pouvoir, avec ou sans élection, cette junte là veut garder le pouvoir et privé le peuple de Guinée le droit de choisir ses dirigeants. A l`UFDG on s`est battu des longues années pour l’instauration de la démocratie et de l’État de droit, pour le respect des droits humains.»De son côté, Marc Yombouno, membre du RPG Arc-en-ciel, a réagi de manière plus nuancée à cet accueil populaire. Il estime que, bien que l’accueil réservé à Doumbouya témoigne d’un soutien populaire, ce n’est pas là que devraient se concentrer les efforts de la junte.

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Selon lui, la priorité devrait être donnée au retour à l’ordre constitutionnel, afin d’éviter de plonger le pays dans une instabilité prolongée.
Il rappelle que la junte avait promis une transition ordonnée vers la démocratie, et que toute tentative de prolonger cette période ou d’étendre le pouvoir de Doumbouya pourrait nuire à la crédibilité de cette transition..
« Si cette transition est censée corriger les erreurs du passé, elle doit être guidée par ce chronogramme. C’est lui qui fait office de feuille de route, et toutes les actions doivent en découler. »
Il souligne que la transition ne doit pas se transformer en un spectacle politique. Selon lui, les acteurs socio-politiques, intellectuels, religieux, syndicalistes et journalistes devraient s’unir autour de ce plan. Il invite également les autorités à respecter les engagements pris :

« Après avoir renversé le régime d’Alpha Condé, ils ont prescrit une ordonnance claire : le chronogramme en dix points. C’est sur ces bases qu’ils doivent œuvrer, et non se laisser distraire par des démonstrations de popularité. »

Critiquant l’accueil réservé à Mamadi Doumbouya, Marc Yombouno insiste sur la nécessité de concentrer les efforts sur les priorités de la transition :

« Avons-nous vraiment besoin de ce que nous avons vu mercredi, ou serait-il plus pertinent de nous informer sur l’avancée de l’avant-projet de la constitution, du fichier électoral, et des autres réformes clés ? » s’interroge t-il

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Le retour de Mamadi Doumbouya et l’accueil triomphal qui lui a été réservé divisent les acteurs politiques guinéens. D’un côté, Cellou Dalein Diallo, figure de l’opposition, y voit une tentative de s’accrocher au pouvoir en dépit des engagements de la junte. De l’autre, si les partisans ont démontré leur engagement à soutenir Mamadi Doumbouya, Marc Yombouno quant à lui souligne que l’importance de ce soutien ne devrait pas faire oublier les priorités de la transition, à savoir la réinstauration de l’ordre constitutionnel. Dans ce contexte, la scène politique guinéenne reste tendue, tous les regards sont donc tournés vers les prochaines étapes après cette mobilisation pour déterminer si Doumbouya respectera ou non ses engagements.

Ibrahima Foulamory Bah pour lecourrierdeconakry.com

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