D’un point de vue statistique, Mohamed Bayo c’est 9 buts et 2 passes décisives pour ses 17 premiers matchs de Ligue 1. Autrement dit : une des révélations de la première partie de saison. D’un point de vue humain, c’est l’histoire d’un gamin de la Gauthière, quartier de Clermont-Ferrand, où il a tapé ses premiers ballons avant de prendre une licence au Clermont Foot à 6 ans, et de hisser le club en Ligue 1 pour la première fois de son histoire. Un conte de Noël raconté par le Guinéen de 23 ans en personne. Mohamed Bayo nous ouvre les portes de son « petit cocon » , où il est question de domicile familial, de nostalgie et d’odeur de truffade.

Sur le parvis de la gare, les passants se pressent. Il est 13h, et Clermont-Ferrand semble encore endormi sous un épais brouillard. Dans ce blizzard, impossible de distinguer la chaîne des Puys ni même les flèches de la cathédrale. Mais un autre monument approche, emmitouflé dans sa doudoune : Mohamed Bayo, 1,88m et 9 buts en Ligue 1 cette saison. « Bienvenue à Clermont, il fait beau, hein ? » , se marre le canonnier du Clermont Foot 63, avant d’ajouter : « J’aime ma ville, même quand il fait froid comme aujourd’hui, j’ai l’habitude. On est quand même bien ici. » Tellement bien que l’attaquant y vit depuis toujours. « Clermont, c’est mon tout. J’ai commencé ici, j’ai enfilé mes premiers crampons dans ce club. C’est fort d’être en Ligue 1 aujourd’hui avec mon club formateur. » Le temps de monter dans une voiture conduite par un ami, et Mohamed Bayo s’improvise guide de la ville avant de s’attabler dans une brasserie du centre, sur laquelle une banderole honore la montée des Clermontois en L1 : « Désolé, on ne peut pas se poser chez moi, je protège ma mère de la Covid, vous comprenez. »

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La Gauthière, Drogba et parpaings

À la base, rendez-vous était en effet donné au quartier de la Gauthière, cité de 5000 âmes dans le nord-est de la ville, où le joueur a grandi au rez-de-chaussée d’un immeuble de 4 étages. À 23 ans et malgré son nouveau statut, Mohamed Bayo y réside toujours avec sa mère. En face de la cuisine, sa chambre d’ado n’a pas bougé. « Les posters d’Ibrahimović et Ronaldo sont toujours là, j’ai juste accroché 2-3 maillots à moi qui me tiennent à cœur. » Si son grand frère est parti mener sa vie, Mohamed ne voit lui pas l’intérêt de quitter l’appartement familial tant qu’il joue à Clermont. Question de confort, d’habitude, mais pas que : « Ma mère cumulait deux boulots. Je la voyais dix minutes le matin avant l’école, et quand elle rentrait à 21h30, j’étais pratiquement couché. On ne partageait pas trop de moments » , confie le joueur, qui veut tout simplement « profiter le plus possible parce que je sais qu’elle n’est pas éternelle » . Voilà pourquoi le meilleur buteur du Clermont Foot depuis deux saisons n’a pas quitté le quartier de son enfance. Ce qui explique aussi son rendement : « Quand tu es à l’aise chez toi, avec tes repères, ta mère qui est à l’abri, c’est sûr que ça fait la différence parce que tu as moins de choses qui traînent en tête, tu es plus concentré sur le terrain. » Concrètement, le pur produit clermontois a gardé le même quotidien que lorsqu’il était au centre de formation.

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