Le nouveau code civil guinéen a été voté le jeudi 09 avril par les députés à l’Assemblée nationale, un code qui interdit la polygamie. Pourtant une loi visant son autorisation avait été bien adoptée par ces mêmes députés, mais elle n’a pas été promulguée par le président de la République qui l’avait renvoyée aux parlementaires pour une seconde lecture. A Kankan, les citoyens ont des avis partagés sur ce rebondissement législatif.
A en croire cette nouvelle loi, la monogamie est désormais le principe de mariage en République de Guinée. Et par mesure d’exception, un homme pourrait être polygame mais pas sans l’accord de son épouse.
En attendant de voir si cette révision du code civil conviendrait au chef de l’Etat qui détient le monopole sur sa promulgation, Dr Lounceny Chérif, président du conseil régional des organisations de la société civile trouve la situation perplexe et bizarre : « Je trouve cette situation un peu bizarre. Ou on autorise la polygamie ou on l’interdit. Mais dans l’état actuel des choses, je vois mal une femme accepter que son mari prenne une seconde épouse. Elle peut l’accepter sous certaines contraintes, mais de bon gré, ça devient un peu compliqué ».
Vu le contexte social de la société guinéenne fortement islamisée, il reconnait que si jamais cette loi arrivait à être promulguée, il serait difficile de procéder à sa mise en application. Toutefois, selon lui, il faudra faire avec : « Ça ne sera aucunement pas facile. Dieu seul sait combien de fois ce pays est islamisé. Ceux qui viennent de voter cette loi, combien sont monogames ? Mais quand une loi est votée et promulguée, il faut la respecter ».
L’adoption de ce nouveau code civil fait des heureuses. C’est l’exemple de Denise Simmi, étudiante à la faculté des langues et lettres à l’université Julius Nyerere : « Moi je considère que c’est une bonne loi, le simple fait de dire que la polygamie n’est pas autorisée en Guinée. Pour moi en aucun cas, un homme pourrait aimer deux épouses à la fois ».
Par contre, SEKOU CAMARA, étudiant diplômé sans emploi, est au bout des nerfs : « On ne doit pas se comparer aux Européens ! Nous ne sommes pas des Européens ! Nous n’avons pas la même culture. En plus si on condamne chaque homme à ne se marier qu’à une seule femme, cela va sans dire qu’un très grand nombre de femmes ne connaitra pas le bonheur de se marier ! ».
Il est important de signaler qu’en Guinée, la majorité des hauts responsables, magistrats, députés et politiques, etc. vivent dans les bonnes grâces de la polygamie.
Mamadi Kaba depuis Kankan pour lecourrierdeconakry.com