Malgré la multitude de frigos à poisson dans la commune urbaine de Labé, les populations sont très souvent confrontées à d’énormes difficultés d’acquisition de ce produit halieutique. Sur une dizaine de frigo parcouru par la rédaction locale de votre quotidien électronique lecourrierdeconakry.com seuls deux à trois proposent du poisson frais. Les autres sont fermés pour rupture de stock.
A en croire les gérants de ces magasins de poisson, la demande est nettement supérieure à l’offre actuellement au niveau des grossistes basés à Conakry. Conséquence, seuls les gros bonnets peuvent acquérir une certaine quantité de poisson pour l’acheminer à l’intérieur du pays.
Oumar Diallo explique : « Depuis plus d’un mois mon frigo est fermé par manque de poisson. J’ai tout fait mais impossible car mes contacts à Conakry n’en on pas. Ceux qui en possèdent un peu ont revu le prix à la hausse ; donc j’ai fait les calculs et trouvé que si je prends avec eux en ce moment j’enregistrerais d’énormes pertes car je ne peux pas vendre un kilogramme de poisson à 40, voir 45 000 GNF alors que le prix d’acquisition était entre 25 et 30 000 GNF » déclare-t-il.
Selon Yéro Diakité, seul un vendeur de nationalité libanaise dispose actuellement de poisson en ce moment à Labé. « Pour nous, depuis près d’un mois, on a envoyé quelqu’un au Sénégal pour voir s’il peut trouver du poisson. Mais jusque-là on attend » ajoute-t-il.
Malgré la cherté qui est doublée de la rareté du poisson à Labé, Aissatou Bah vendeuse au détail essaie de tirer son épingle du jeu: «On gagne difficilement le poisson à l’heure-là. Chaque matin, on est obligé de faire le tour des frigos de la place dans le souci d’avoir une quantité à revendre. Tous les prix sont disponibles. On vend les petits poissons à trois, quatre mille francs alors qu’on achète le carton entre 300 et 350 000 GNF» explique-t-elle.
Une crise confirmée par les fournisseurs des marchés de Labé en poisson. Ousmane Bah est tenancier de frigo : « Comme d’habitude, en cette saison c’est-à-dire au mois d’août, on ne gagne pas assez de poissons. À pareil moment, les bateaux ne travaillent pas. Le mois dernier il n’y a pas eu de pêche dans les zones maritimes de la Guinée » souligne-t-il.
Inquiète, une restauratrice qui a préféré garder l’anonymat impute cette crise à l’affluence des mariages: « Actuellement, il n’y a pas de poisson sur le marché. Par exemple hier, on a tout fait pour nous procurer de poisson mais impossible. Peut-être que c’est dû aux cérémonies car depuis au moins 3 semaines il n’y a pas de poisson à Labé » déplore cette autre.
Salimatou Barry, une ménagère rencontrée au marché Yenguéma de Labé dénonce elle la qualité du poisson sur le marché : « le poisson est trop cher. Le kilo est vendu à 30 voire 35 000 GNF et très souvent c’est des poissons pourris qu’ils nous proposent » condamne-t-elle.
Selon des informations concordantes, cette crise va se prolonger jusqu’à la reprise des activités de la pêche. Une période à laquelle les marchés devraient largement être servis en poisson. En attendant, le poisson est de nos jours une denrée très rare dans la commune urbaine de Labé.
Il faut noter que la rareté du poisson peut s’expliquer par le repos biologique imposé par le ministère de la pêche du 1er juillet au 31 aout 2018. Cette mesure est prise chaque année pour favoriser la reconstitution des ressources halieutiques afin d’en assurer l’exploitation durable.
Bah Djenabou Labé, pour lecourrierdeconakry.com