Excellence Monsieur le Président de la République

C’est avec beaucoup d’émotion que je vous adresse ce courrier qui n’engage que ma modeste personne pour solliciter votre bienveillance autour de la problématique des artistes Guinéens à travers une action concrète pouvant permettre de restituer aux générations à venir la grande odyssée de tous ces hommes et femmes qui ont dédié leurs vies à notre grande et belle nation à travers des œuvres intemporelles des indépendances à aujourd’hui.

Des projets, des idées nous les jeunes de guinée nous en avons. Ces projets très en accord avec notre époque pourraient faire la différence et vous faire rentrer dans l’histoire de manière continue sans demander la mobilisation de sommes colossales.

Le problème dont nous souffrons en Guinée c’est notre incapacité à prendre de la distance en séparant nos actions privées de celles dédiées à notre peuple. Nous rechignons quand la mission qui nous est confiée s’arrête, nous mettons des bâtons dans les roues du système parce que nous n’avons pas bénéficiés de ce que nous pensons acquis au risque de paralyser tout un peuple !

S’il est vrai que vous avez beaucoup fait pour les artistes Guinéens, je pense entre autres à votre geste en faveur de l’assurance maladie, à la réhabilitation de nos anciennes gloires à travers une décoration et une prise en charge financière, à votre investissement pour l’organisation des quinzaines artistiques et le FENAC, sans parler des multiples donations financières lors de manifestations culturelles, il reste évident que nous pouvons élargir votre champ d’action en nombre et sur une durée plus importante que votre simple mandat présidentiel. Les belles enveloppes que vous mettez constamment à la disposition des artistes une fois partagées entre eux ne leur offre pas une solution durable.

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L’arrivée de cette pandémie n’a fait que confirmer que si nous ne mettons pas en place très rapidement un collectif des artistes guinéens engageant l’Etat pour une partie et les artistes pour l’autre -à l’image de ce que vous avez mis en place pour les MUFFA -il serait difficile de parler de professionnalisation de ces artistes.

Nous pensons également qu’une maison totalement dédiée à l’image, les devoirs et la mémoire en faveur des artistes est plus que jamais nécessaire pour poser une action durable. Il nous faut investir sur la valeur et l’aspect positif de cette corporation.

Aujourd’hui beaucoup de Guinéens ne pensent qu’à l’eldorado dans un ailleurs que vous et moi nous savons incertain pour y avoir vécu. Seulement, cet ailleurs fait un tel travail de mémoire de son potentiel que tous sont tournés vers lui.

Monsieur le Président de la République, vendons la Guinée de notre riche culture aux Guinéens, tous ces jeunes qui sont en totale rupture avec notre passé, nos acquis, pour mieux les projeter dans un futur grâce à cet outil concret en vue de donner une autre dimension à tout ce riche patrimoine culturel. Racontons-leur les histoires de Keïta Fodéba, de Ahmed Tidiane Cissé, de Souleymane Koly, de Italo Zambo, de Momo Wendel, de Fodé Marseillais, de Kadé Diawara, de Sorry Kandia Kouyaté, de Démba Camara, des Ballet Africains, de Mamady Djembé fola, de Famoudou Konaté, de Fatou Lynsan, de Kerfala Kanté, de Mory Kanté, de Jean Paul Milimono, de Fatoumata Taïbou Diallo pour ne citer que ceux-là.

Nous parlons par conséquent d’un lieu où nos jeunes pourront avoir accès à une partie de notre histoire musicale et culturelle, un espace qui allierai mémoire, conservation et créativité.

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Notre souhait est que notre sollicitation soit inscrite dans vos priorités nationales car vous êtes le Protecteur des Arts et des Lettres et votre implication personnelle nous permettra d’aspirer à ce que Mory Kanté, Kadé Diawara, Kerfala Kanté et tous les autres devanciers puissent reposer en paix en ayant la garantie que dans un siècle, voire plus, leurs œuvres seront revues, mises au goût du jour et consommées par le guinéen.

Beaucoup d’artistes, d‘opérateurs culturels, de journalistes sont sensibles à cette cause commune.

Notre sollicitation, voire notre demande est essentiellement d’obtenir votre soutien afin de nous permettra d’offrir sous votre magistère l’une des réalisations culturelles la plus significative. Notre besoin c’est une maison aussi modeste soit-elle et des moyens financiers pour son équipement et fonctionnement. Une maison ouverte à tous et dont la gestion et fonctionnement devra être assurée par les acteurs culturels non étatiques.

Monsieur le Président de la République, en m’adressant à vous à travers une lettre ouverte je suis surtout animée par l’envergure nationale de notre demande et son appropriation par la population guinéenne.

Volontairement je n’ai pas voulu emprunter la voie administrative ou ce que d’autres appelleront légales car il est impérieux que cette Maison de l’Artiste Guinéen puisse voir le jour dans les prochains mois et pourquoi pas en Septembre comme pour marquer le début de la saison culturelle.

Pour finir, vous me permettrez d’emprunter la phrase d’un homme qui a dédié en toute sincérité sa vie à la cause des artistes et au rayonnement de notre patrimoine culturel : « Pas de futur sans culture ».

Veuillez croire, Monsieur le Président de la République, en l’expression de ma très haute considération.

Sayon Bamba Camara

Artiste Interprète

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