Une sagesse africaine enseigne : « il est plus facile de se sentir aimé mais, il est très difficile de se savoir détesté ». Ainsi va le monde et de nombreuses personnes tombent facilement dans cette chimère, cette buée qu’elles ne voient jamais s’évaporer. Les grandes promesses annoncées lors de la prise du pouvoir s’avèrent de nos jours illusoires car, la junte a dévié de son chemin et l’objectif qu’il s’était fixé ne semble plus tenir. Un proverbe arabe dit : « il faut remuer sept fois la langue avant de prononcer un mot » car, une fois la parole lâchée, elle ne peut plus être arrêtée.
Le colonel Mamadi Doumbouya s’est présenté en justicier du peuple, noble ambition mais, a-t-il choisit des vrais hommes pour atteindre son objectif ? C’est justement là où il est en train de nager à contrecourant. Depuis qu’il a annoncé qu’aucun membre du CNRD et du gouvernement ne sera candidat aux élections, l’appétit du pouvoir de certaines personnes qui gravitent autour de lui s’est aiguisé. On a l’impression qu’il est seul à s’engager sur la voie qu’il a tracée et que ses collaborateurs n’en ont aucune conviction et leur stratégie est de le suivre jusqu’à ce qu’il fonce dans le mur. Une sorte d’hypocrisie qui a toujours caractérisé les hommes proches des cercles du pouvoir. Et quand chavire le navire, ils sont les premiers à dire, il n’écoutait personne.
Aujourd’hui les malaises des populations sont profonds, nonobstant la cherté de vie qui est une ritournelle pour le pays, la désillusion et le désespoir les étreignent gravement. Personne ne s’oppose à la lutte contre la corruption, le détournement des deniers publics et la récupération des biens de l’Etat, colonel Doumbouya pouvait le réussir s’il avait adopté la meilleure méthodologie car, des actes de ce genre ont une pédagogie spécifique. Malheureusement les mesures prises n’étaient que du populisme dérivant d’une anxiété de légitimation. Il y a des préalables qu’il fallait absolument respecter, des enquêtes sociologiques pour en connaitre les tenants et aboutissants. Maintenant que cette machine est mise en marche, il ne leur sera plus possible de faire machine arrière car, en le faisant c’est faire face au courroux populaire.
Le populisme et le radicalisme sont les pires ennemis d’une transition. L’absurdité la plus complète est de voir les enfants d’une même patrie se regarder en chien de faïence, malheureusement c’est dans cette optique que la Guinée est en train d’évoluer. Si le 5 septembre 2021, les forces spéciales ont jugé nécessaire de prendre le pouvoir, c’était comme elles ont déclaré, mettre un terme aux tourments du peuple et arranger au mieux la situation administrative, sociale et politique du pays. Face à cet objectif, les forces vives, les partis politiques, la société civile ont pris acte de cette déclaration et ont manifesté l’intention d’accompagner cette autre transition.
C’est justement cet espoir qui a déterminé cet enthousiasme des forces vives qui elles aussi ont le souci d’apporter au peuple martyr de Guinée, le bonheur moral et matériel dont il a toujours rêvé. Mais en réalité avec le temps qui s’écoule, nait souvent la divergence autour de certains points sur lesquels les positions se radicalisent. Les premiers, les militaires usent de leur position hégémonique pour distiller des mesures, des discours populistes pour s’octroyer une certaine légitimité auprès des populations. Les autres les forces vives vont très tôt percevoir cette roublardise des nouvelles autorités et ne manqueront pas de mettre en exergue leur démarche.
Le populisme est une pratique politique qui consiste à se présenter de façon démagogique comme le défenseur des intérêts du petit peuple. C’est pourquoi les populations guinéennes sont tombées sous le charme de ces discours, déclarations et mesures du CNRD au lendemain du 5 septembre 2021. Le peuple est comme un gros bébé qui pleure quand il a faim et qui se tait quand on lui donne à manger . Nous y reviendrons
MAM CAMPBELL
JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE
CONSULTANT EN COMMUNICATION
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