Plus les jours passent, plus le CNRD s’éloigne de son objectif ORIGINEL. Trop de décrets pour des intentions inavouées. Ce qui se passe en Guinée en cette période de transition est INEDIT. Le discours de prise de pouvoir a été vivement salué par les populations guinéennes à cause de sa teneur. Le colonel Mamadi ^décret ^ Doumbouya avait à cette occasion, trouvé les mots pour tirer sur les cordes sensibles du peuple de Guinée. Cela a donné lieu à des liesses dans certains endroits du pays de la part des opposants au régime d’Alpha Condé. Quand le Mali a connu son coup d’Etat, de nombreux guinéens et même des politiques, oh ! combien qui désiraient la même chose pour le pays. Naïvement, les manifestants ont collé à cette junte le titre de libérateur et des extrémistes ont parlé même d’une nouvelle indépendance du pays.

Cela démontre la grandeur de l’espoir suscité par ce coup d’Etat chez les populations. Mais aujourd’hui, elles se rendent compte que cet espoir n’était que raté et qu’elles ne pouvaient rien attendre de ces nouvelles autorités. Cette rupture brusque du CNRD d’avec son objectif premier a coupé le souffle aux populations. La conduite des événements ne rassure plus car, entre le discours et les actes posés il y a une immensité. Des erreurs et même des fautes ont été commises dans la constitution du gouvernement. Le rejet systématique des anciens cadres expérimentés de l’administration a occasionné une léthargie à ce niveau.

Personne et ce jusqu’à preuve du contraire ne connait les critères qui ont prévalu au choix de ces nouveaux cadres, qui <foisonnent> dans cette nouvelle administration du jeune colonel Mamadi Doumbouya. L’enthousiasme et le noviciat des nouvelles autorités, ont poussé le Président du CNRD à déclarer qu’il n’existe pas une école d’expérience, ce qui est une grosse erreur. Le peuple de Guinée est singulier en Afrique, c’est le seul qui a donné du fil à retordre aux colons français, de la résistance à la pénétration au vote historique du 28 septembre 1958. Les leaders comme Ahmed Sékou Touré, Lansana Conté et Alpha Condé ont peiné à dompter ce peuple, on se demande alors comment ce groupe de diaspos étrangers à la réalité guinéenne peuvent prétendre gérer ce pays.

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Les événements qui se succèdent maintenant sont les signes annonciateurs de cet échec inévitable du CNRD. La transition est purement politique et par malheur, le colonel Mamadi Doumbouya s’est emmuré dans une obstination absurde lorsqu’il a dit qu’il n’y aura pas de recyclage. Il est impossible de couper la peau d’un tigre sans toucher à ses raies noires ou blanches. Autrement dit, lorsque vous retirez du foyer tous les bois qui fument il finira par s’éteindre. De nombreux ministres de ce nouveau gouvernement n’ont pas l’étoffe de la fonction ministérielle. Depuis le temps de Lansana Conté, de Dadis le nom de Mohamed Béavogui a circulé dans le choix des premiers ministres. C’est maintenant que les populations ont découvert les raisons des multiples rejets de sa candidature : il est incompétent et incapable car, il n’atteint même pas la cheville de Mamady Youla.

Un département aussi stratégique que l’Administration du Territoire le confier à un homme puéril, inexpérimenté et immature comme Mory Condé, c’est conduire la transition à l’échec. S’il avait le mérite, il aurait réussi dans l’organisation des assises nationales et du cadre de dialogue. Mais il a prouvé brillamment son incapacité à rassembler les forces sociales et politiques autour d’un idéal commun. Le colonel Mamadi Doumbouya devait choisir un premier ministre politique qui pouvait non seulement rassembler ses collègues et l’aider à dérouler son programme dans la paix et dans un cadre inclusif. Il n’est jamais trop tard pour bien faire, en tant que chef de l’Etat le Président du CNRD a toute la latitude de faire un délestage exhaustif de son équipe gouvernementale par peur de manquer son objectif de refondation de l’Etat promise au peuple.

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Les anciens cadres sont guinéens au même titre que ces diaspos. Il faut éviter de mépriser les diplômes nationaux au profit des doctorats souvent acquis de façon très peu orthodoxe. Le changement de comportement et d’habitude ne se fait pas comme sous l’effet d’une baguette magique. Tous les guinéens aspirent aujourd’hui à un bien-être, il suffit de créer le cadre et de mettre les garde fous pour tirer le meilleur profit d’eux.

Ce n’est plus la même ambiance, ni le même engouement pour les nouvelles autorités du pays. Les populations guinéennes sont déconcertées, désappointées et ne savent plus à quel Saint se vouer. À vrai dire le CNRD n’a réussi aucune action de son projet :

¶ Les assises nationales n’ont pas donné le résultat escompté,

¶ Le cadre de concertation a divisé au lieu de rassembler ;

¶ La récupération des biens et domaines de l’Etat a été un véritable règlement de compte et une désolation pour les victimes ;

¶ La lutte contre la corruption et le détournement des deniers publics a pris l’allure d’une véritable chasse aux sorcières et un acharnement forcené contre les anciens dignitaires ;

¶ Le musellement des libertés avec l’interdiction des manifestations politiques ;

¶ Le faux brave à travers un nationalisme creux face aux institutions internationales qui présage des lendemains difficiles pour les populations.

¬ À cette allure, le CNRD fonce droit dans le mur, cela se traduit aujourd’hui par un manque de sérénité affiché dans la haute sphère de l’Etat. Cette atmosphère délétère ne rassure pas du tout et les populations vivent aujourd’hui dans une angoisse quant à l’avenir du pays. Le < semblant de croire et de penser que le CNRD est sur la bonne voie > est devenu en son temps un mode de vie  pitoyable et très inquiétant.

MAM CAMPBELL

JOURNALISTE INDÉPENDANT ET ACTIVISTE

CONSULTANT EN COMMUNICATION

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