Desmond Tutu s’est éteint dimanche au Cap, en Afrique du Sud, à l’âge de 90 ans. Prix Nobel de la paix, cet archevêque est considéré comme la conscience de l’Afrique du Sud. Il était aussi vu comme un modèle dans de nombreux pays du continent africain.
« Il représentait, pour nous, une grosse voix pour l’Afrique au regard de tout ce qu’il a fait pour son pays », témoigne le cardinal Fridolin Ambongo, à la tête de l’archidiocèse de Kinshasa, prenant pour exemple le rôle de Desmond Tutu dans la fin de l’apartheid ou la réconciliation entre les Sud-Africains.
Homme de foi et figure de la lutte anti-apartheid, il a inventé le terme de « nation Arc-en-ciel » après l’avènement de la démocratie en 1994 et l’élection de son ami Nelson Mandela. « Sa disparition crée un vide. J’avais beaucoup d’admiration pour lui parce que je voyais en lui le modèle d’un homme qui est complètement dédié pour la cause de ses frères et sœurs. Il symbolisait le modèle d’homme dont l’Afrique a besoin. J’ai toujours vu en lui un modèle, aussi, pour notre société congolaise. Ça fait mal au cœur de voir partir une icône comme lui, un vrai prophète pour notre temps qui a dédié toute sa vie pour la cause et la fraternité entre les hommes », rajoute l’archidiocèse.
Outre les hommes d’Eglise, il a aussi été une inspiration pour de nombreux leaders politiques du continent.« Je garde de lui le rire contagieux qu’il avait, mais surtout son engagement et sa détermination pour la question de la justice. Desmond Tutu est celui que j’ai eu la chance de rencontrer en 2016 et, à ce moment-là, il s’évertue à nous dire que ce dont l’Afrique a besoin, c’est des leaders qui sont des serviteurs. Je crois qu’il avait totalement raison », raconte à RFI l’opposant tchadien Succès Masra, qui dirige le parti Les Transformateurs.
« Il nous inspire à plus d’un titre »
L’icône de la lutte contre l’apartheid a influencé de nombreux africains dans leur démarche politique.« Il nous inspire à plus d’un titre et je crois qu’il laisse ces héritages-là pour des jeunes leaders que nous essayons d’être aujourd’hui, pour porter haut son flambeau. Je garde de lui l’image de quelqu’un qui était intransigeant pour la question de la justice, il pouvait même se brouiller avec ses amis mais il tenait à dire et à marteler ce en quoi il croyait. Et je crois que notre monde a besoin de gens capables de nommer les choses, mais surtout d’avoir un cœur qui permette de resserrer les liens », explique-t-il.
« Un pays comme le mien, le Tchad aujourd’hui, doit pouvoir dialoguer entre tous ses enfants, il ne peut pas, en tout cas, ne pas s’inspirer de la vision et de l’attitude de quelqu’un comme Desmond Tutu qui prônait justement la vérité, la justice, la réconciliation. Et je crois que c’est ça que je garde de lui en tout cas », conclut-il.
Au-delà de ses combats, c’est la personnalité de l’homme qui a marqué ceux qui ont croisé son chemin. « Ce qui frappait dans Desmond Tutu, c’était son regard perçant et malicieux, qu’il dissimulait derrière des lunettes sans monture, et ensuite son rire contagieux et surtout son franc-parler. Alors cette constance est inséparable de sa foi et de la joie de vivre qui animait cet homme qui n’hésitait pas à descendre de sa chaise pour danser ou embrasser les paroissiens », se souvient Francis Kpatindé, journaliste et enseignant à Science Po qui faisait partie de la mission des Nations unies en Afrique du Sud en 1993 et 1994.
Ses obsèques auront lieu le samedi 1er janvier au Cap, dans la cathédrale Saint-Georges, son ancienne paroisse, a annoncé dimanche soir sa fondation.
Source : RFI