Le rappeur guinéen Djanii ALFA vient de réaliser une portion de ses rêves : appliquer un sold out au Bataclan à Paris pour son concert du 16 juillet. Miracle ? Surprise ? Oui, pour certains. Mais non, pour d’autres. Et comment s’explique ce triomphe au sommet du Bataclan ? D’où vient cet exploit ? SITANEWS© vous en dit plus. Suivez notre plume attentivement.
L’histoire et les coupures de presse nous témoignent que Djanii ALFA a construit sa carrière brique après brique. Nous remontons le temps. Et nous sommes en 2012. L’année à laquelle, Djanii a brandi son premier album G4life Musik. Et si on devait jauger sa cote et son poids à l’époque, on pouvait dire qu’il n’était pas loin du pinacle de la pyramide. Mais une chose ne doit pas échapper à la mémoire collective. C’est que Djanii ALFA est arrivé à un moment où le rap guinéen était à l’agonie et sous perfusion. Beaucoup de Mc’s s’étaient exilés. Et ceux qui étaient là et qui papotaient, Djanii leur a tout simplement dit : « Vous allez comprendre que vous ne faîtes pas du rap. Mais du dancehall, du reggae… En tout cas pas du rap. Il a fallu lui, lui Djanii, pour reprendre le flambeau et le fanion en vue de replacer le rap guinéen dans son vrai contexte. Et il l’a réussi. Dans un temps record, il s’est taillé la part du lion dans le Game. Très vite, il a fondé et consolidé sa réputation. Il s’est fait une place de choix au soleil. Le succès a été immédiat. Bimmm ! Il s’adjuge doublement en 2012, le trophée de Meilleur rappeur guinéen (K7 D’Or) et (Djembé D’Or). Eh oui, il méritait n’est-ce pas, l’ouverture d’une bouteille de champagne ?
Pas de temps à perdre. Il envoie en 2015, un album aussi cuivré et tanné que le précédent. Ça s’appelle Rêve d’Afrik. Ce disque ouvre davantage la porte à Djanii pour l’installer convenablement au plus haut sommet du Game. Ça s’appelle de la force tranquille. Djanii a ramassé le rap guinéen là où ses aînés l’ont abandonné et partir. Le rap était presque mort. Et pour en donner plus de vitalité, le « rappeur de l’Axe » balance à coup de massue, Sicario Schizophrénie, en 2018. C’est un double album haut volt non sponsorisé, mais qui est arrivé dans les meilleures conditions.
Comme si cela ne suffisait pas, contre toute attente, Djanii ALFA est revenu plus tard avec Les 7 Jours de Bagdad (Vol 1 & 2) en 2021. Cette mixtape n’a pas mordu la poussière. Au contraire, elle a bien balisé le chemin à l’album Chef Rebel – Because We Need Peace. La dédicace de ce disque a fait sortir toute la banlieue de sa planque. Le rappeur a enregistré la plus forte mobilisation de la jeunesse au plus grand stade de Conakry.
Djanii ALFA a su créer autour de lui, un empire, un label (G4LIFE MUSIK). Cela pour gérer sa carrière et signer d’autres jeunes plus talentueux et passionnés. Le moins que l’on puisse dire est qu’aujourd’hui, Djanii coche toutes les cases : grand, célèbre, leader d’opinion, entrepreneur, etc.
De succès en succès, Djanii ALFA s’engage au fil du temps aux côtés du peuple. Artiste activiste et pro-démocratique. Pour être plus légitime, il intègre le Front national de la défense de la constitution (Fndc). D’où sa popularité est revue à la hausse. En vendetta avec le pouvoir d’Alpha Condé, Djanii ALFA a toujours été persécuté. Mais cela ne l’a pas pénalisé. Face à un régime souillé par la gabegie financière, l’insécurité, les violences policières, les tueries, les arrestations arbitraires, jamais Djanii n’a pu la fermer. Il était constamment présent dans les débats d’utilité publique. A un moment, il lui a fallu quitter le pays et revenir après le coup d’État du 5 septembre. A 10 jours de son concert du Bataclan, le rappeur s’est fait emprisonné avant d’être libéré trois jours après, à l’issue d’un procès. Ce week-end, il affrontera le Bataclan. Oui, il tentera d’écrire en lettres d’or, une nouvelle page de l’histoire de la musique urbaine guinéenne.
CHRONIQUE de @Sita
LAISSER UN COMMENTAIRE AVEC Facebook