En séjour dans son pays d’origine, Josuha Guilavogui a accordé une interview exclusive à un reporter du Courrier de Conakry. Dans cet entretien sans filtre, l’ancien milieu de terrain de l’AS Saint-Etienne et de l’Atlético de Madrid parle de son attachement à la Guinée, de son souhait de soutenir les jeunes, de ses projets, de sa fondation, du Syli National de Guinée, de Serhou Guirrassy et de son possible retour dans le championnat français.

Le Courrier de Conakry : Depuis quelques temps, vous êtes souvent présent en Guinée ? Au-delà que ça soit votre pays, quelles sont les raisons ?

Josuha Guilavogui : Je suis ici pour rendre ce que le seigneur m’a apporté. J’ai voulu prendre en charge des enfants à travers notre fondation qui est un orphelinat. A l’heure actuelle, nous avons 23 enfants. La plus petite à un an et 6 mois. C’était pour moi la façon de redonner un peu ce que le seigneur m’avait donné.

En tant que footballeur d’origine guinéenne évoluant en Bundesliga, vous êtes l’invité de marque de l’ambassade d’Allemagne en Guinée pour suivre le match d’ouverture de l’Euro 2024 à sa résidence. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

Suivre le match d’ouverture à la résidence de l’ambassade d’Allemagne est quelque chose d’exceptionnelle. C’est un peu dans la continuité de ma carrière. J’ai fait la plupart de ma carrière en Allemagne. C’est pour cela que je me sens très attaché à l’Allemagne comme je suis attaché à la France de par ma naissance et à la Guinée par mes origines. J’ai cette capacité à me morfondre dans chaque paysage. Aujourd’hui, je suis très content. J’ai rencontré un jeune qui est fan de football. On a pu échanger en allemand. C’est un symbole d’unité entre le peuple guinéen, la France et l’Allemagne.

Selon vous quelle est l’équipe favorite de cette 17ème édition du championnat d’Europe des nations ?

L’Allemagne joue à domicile, elle peut prétendre au titre. Je pense aussi que l’équipe de France est bien armée pour aller chercher ce titre. On verra à la fin. Que le meilleur gagne !

Parlant du football africain, quel est votre avis sur l’équipe nationale guinéenne ?

Je sais que certains guinéens m’en veulent de ne pas avoir joué pour le Syli. Mais cette année, il y a mon frère Morgan Guilavogui qui a fait la CAN avec la Guinée. L’équipe a fait une bonne participation. Avec Kaba Diawara à leur tête, ils (les joueurs, ndr ) ont réalisé un parcours historique. Honnêtement, je pense que la Guinée est amenée à être une belle nation du football africain. Après maintenant, il va falloir encore un peu de temps pour prétendre à se faire une place peut-être en coupe du monde. Mais, on l’a vu avec l’Algérie, le niveau n’est pas très loin. Je leur encourage, je suis ça de très près.

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En Bundesliga, vous jouez avec Serhou Guirassy, que pensez-vous de lui ?

Honnêtement, il a fait une très belle saison. Serhou, je le connais depuis un certain moment. Il a joué à Rennes et il a fait Cologne. C’est l’attaquant moderne. C’est un attaquant complet. Déjà, il a une présence physique. Il est très adroit sur le centre, devant le but. C’est à l’image de Stuttgart, il a porté son équipe. Je pense qu’il y a un grand transfert qui se dessine à l’horizon. J’espère qu’il fera un bon choix. Il peut aussi rester à Stuttgart où il est le fer de lance. L’équipe joue pour lui. Peut-être aller du côté de l’Angleterre, je ne sais pas. Mais en tout cas, c’est bien pour nous qu’il y ait ces ambassadeurs là comme Naby Keita, comme l’a été aussi Ibrahima Traoré, comme j’ai pu l’être aussi à Wolfsburg en tant que capitaine. On a une belle communauté guinéenne en Bundesliga. C’est pourquoi aussi je suis ici. Je me présente comme leur porte-parole.

Est-ce que Guirassy mérite de remporter le Ballon d’Or africain de cette année ?

Bien sûr que oui. Après, il y a mon ami Aubameyang qui a fait une belle saison. Mais je pense qu’avec ce qu’il a réalisé avec Stuttgart il le mérite. Terminer vice-champion d’Allemagne et avoir marqué autant de buts, s’il n’était pas blessé, il allait marquer encore plus. En tout cas, il a mon vote.

Par rapport à votre cas, après votre départ de Mayence, les rumeurs vous envoient à l’AS Saint-Étienne. Allez-vous revenir dans votre ancien club ?

C’est une bonne question. Il y a beaucoup de personnes qui me parlent de Saint-Étienne par rapport à mon passé. J’ai été formé là-bas et j’ai gagné mon premier titre. Mais des fois, la meilleure chose ce n’est pas de retourner là où vous avez laissé une bonne image. Il faut voir. Maintenant, il y a une nouvelle direction. Si je pars, il n’y aura plus mon président Romeyer qui était un peu comme notre Papa, ça sera autre chose. Peut-être que je n’ai plus d’amis comme avant.
En tout cas, je suis très content pour le peuple vert qui a rejoint l’élite. Maintenant, je ne suis pas une personne qui viens prendre le travail d’autrui. Ils ont réalisé une grosse saison. Maintenant s’ils me veulent, on va s’assoir au tour de la table, on va en parler. Mais je n’irais jamais profiter du travail du groupe qui a réalisé quelque chose de fantastique cette année.

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A l’image de certains anciens footballeurs, avez-vous l’idée de faire une académie en Guinée ?

D’abord, je tire mon chapeau à Antonio Souaré, que j’ai rencontré durant mon séjour en Guinée. Ce qu’il est en train de réaliser avec son académie c’est quelque chose de fort. Je pense que les joueurs guinéens surtout les jeunes n’ont rien à envier par exemple aux Sénégalais. Quand on voit le nombre de joueurs sénégalais qui évoluent en Europe par leurs académies. Donc moi, je suis très associé à Ibrahima Traoré. On va essayer d’apporter nos soutiens et nos contacts pour pouvoir permettre à des jeunes d’être repérés. Pourquoi pas faire la passe vers l’Europe ?

Est-ce que cela signifie dire que vous allez collaborer avec l’académie Antonio Souaré ?

Nous sommes en pourparlers. Comme je l’ai dit, je ne vais pas m’attribuer la réussite de quelqu’un d’autre. Il faut vraiment souligner la qualité du travail effectué par monsieur Souaré. Ensuite, nous sommes tous guinéens. Nous devons tous se soutenir la main par la main. Ibrahima Traoré et moi nous ne sommes pas que des joueurs qui veulent être dans la lumière. Mais, si on peut participer peut-être par un coup de fil ou actionner quelques leviers en Allemagne pour que d’autres joueurs puissent en profiter, pourquoi pas utiliser notre image.

Propos recueillis par Ibrahima Soya

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