En marge des 45èmes  Assises de l’Union de la presse francophone à Antisrabé, nous avons tendu notre micro au ministre de la Communication, Rachid N’Diaye. Il donne son avis sur l’économie des medias, le contexte des entreprises de presse en Guinée et le quotidien national Horoya.

Le thème principal des 45èmes assises porte sur l’économie des medias. En Guinée, media public et privé ont du mal à trouver un modèle économique fiable. A votre avis quelle peuvent être des pistes de solutions ?

Naturellement les problèmes sont différents entre medias publics et privés. De manière globale il y a une subvention accordée à l’ensemble des medias. Peut-être que ce serait intéressant de voir dans quelle mesure cette subvention peut être plus importante dans les années à venir. Mais en ce qui concerne les medias privés en tant que tel je crois que c’est le tissu économique qui détermine les conditions dans lesquelles ces médias peuvent évoluer à savoir, pour parler avec beaucoup plus de précisions, de la question des annonceurs. C’est important que les médias privés puissent disposer de l’apport d’un certain nombre d’annonceurs qui leur permette de continuer à paraître et à maintenir leur indépendance économique et financière. Comme vous le savez, les journaux malheureusement ne vivent pas de ventes et ça ce n’est pas une spécificité guinéenne ; C’est lié à tous les médias de manière générale. En France il n’y a que le canard enchaîné qui sort sans publicité. Tous les autres sont tributaires de ces publicités. Et quand vous constatez aujourd’hui les difficultés que ces journaux ont dans l’hexagone avec pourtant un tissu économique plus important, vous faites vite  la part des choses.

 

Mais comment faire émerger de vrais patrons de presse pour vendre un produit de qualité dans un contexte d’absence de statut particulier pour les journalistes et une convention collective où finalement tout le monde trouve son compte …

Ce n’est pas l’Etat qui peut faire émerger des patrons de presse. L’Etat ne peut créer qu’un cadre légal et réglementaire qui permet à tous les gens d’exercer dans les meilleures conditions. Mais la question de convention collective est différente de la question de la situation économique des journaux. La convention collective c’est  pour créer  un cadre dans lequel un journaliste a un minimum officiel par rapport à ses activités. C’est un ensemble de réflexion qu’il faut soumettre à l’ensemble de la presse.

En revanche sur la question économique, dans un environnement où les gens lisent de moins en moins, où la publicité se trouve sur internet, je crois que c’est difficile. Mais je crois que les chefs d’entreprise de presse doivent  d’abord concevoir les entreprises de presse comme des entreprises au sens strict du terme et comprendre qu’on doit arbitrer entre ses dépenses et ses recettes. Je souhaite que les conditions de traitement des journalistes guinéens s’améliorent et je parle également des journalistes du secteur public.

 

Nous avons entendu parler d’une réforme que vous avez engagée en faveur des médias d’Etat. Peut-on savoir quelle est la place réservée au  quotidien national ‘’Horoya’’ qui a du mal à honorer son nom ?

Il faut toujours éviter des jugements de valeur par rapport au quotidien national. Vous avez entendu le directeur du quotidien ‘’Le soleil’’ que le journal est devenu une société anonyme dans laquelle l’Etat détient 51% des actions. Et que c’est tout récemment que le quotidien national a pu s’acheter une imprimerie parce que jusque-là le quotidien se faisait imprimer chez les privés. Je crois que des problèmes globaux qu’on essaye de résoudre à la fois sur la question de la subvention aux médias publics et en même temps sur la question des annonceurs pour enrichir la capacité de ces médias d’Etat. Le quotidien national comme tous les quotidiens a des difficultés. Mais je crois qu’il ne faut pas être excessif sur la question. C’est une question de progression, c’est une question à la fois de management et une question de renforcer ces capacités financières pour assurer sa mission. Et c’est par rapport à cette préoccupation que nous avons prévu quelque chose dans le nouveau budget 2017 pour voir de quelle manière on peut relever la pente.

Propos recueillis par B. Diallo, Envoyé spéciale à Antsirabé